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epuis la publication des Aventures d’Arthur Gordon Pym en 1837, Edgar Alan Poe est devenu méfiant, se sentant éternellement traqué et observé. Lorsqu’il revient à Baltimore en 1849, rongé par l’alcool et la peur, il pénètre dans une auberge miteuse où il fait la connaissance d’Annabel. Mais le havre de paix se transforme en enfer quand une explosion brutale emporte une partie de l’établissement. Persuadé d’être poursuivi par des « brûlants », entités angéliques venues, selon lui, le réduire à jamais au silence pour avoir révélé leur existence, Poe fuit, accompagné d’Annabel qui se révèle être l’agent d’une organisation mystérieuse. Un jeu de cache-cache s’engage alors, menant le poète au seuil du trépas…
Certaines morts possèdent un caractère si singulier qu’elles génèrent légendes et spéculations les plus folles. Les circonstances pour le moins étranges du décès d’Edgar Alan Poe (1809-1849), après six jours de disparition, en font partie. S’emparant de ce terreau favorable, Christian Vilà (Neurotrans, War corporate) en fait la matière du premier tome de Huitième continent, série qui mettra par la suite en scène deux autres ténors du roman d’aventure et des voyages extrêmes : Jules Verne et Jack London. Le scénariste exploite non seulement l’énigme des longues heures durant lesquelles l’écrivain est demeuré introuvable, mais y mêle aussi les différents éléments de son univers poétique et romanesque, créant ainsi un récit aux accents résolument fantastiques. Jouant donc à sa guise avec les possibilités entourant la mort de son héros, Vilà prend cependant soin d’insister sur son alcoolisme notoire et évoque même, quoique tardivement et sans vraiment s’y attarder, le climat électoral violent qui régnait alors.
Malgré une mise en place plutôt habile qui permet de faire augmenter graduellement l’intensité au cours des premières pages, le postulat mélangeant véracité et merveilleux tarde à faire mouche. Quand il ne devient pas pénible à suivre, en raison de l’impression de patchwork mal assemblé qui se dégage de l’ensemble des péripéties racontées. Peut-être faut-il que le lecteur soit connaisseur de l’œuvre de Poe pour apprécier l’histoire, car, si, les vapeurs de spiritueux aidant, de nombreux passages tiennent du mauvais trip, il est néanmoins certain que le récit puise aux sources même de l’inspiration de l’écrivain. Les explications que ce dernier donne sur l’oreiller à sa compagne font clairement référence à son seul roman achevé, tandis que l’amourette esquissée avec Annabel rappelle le personnage de son dernier poème. Faute d’être convaincu par un scénario poussif, force est de se tourner vers le dessin de Stéphane Collignon (Lex, Neurotrans). Collant plutôt bien à l’ambiance générale, le graphisme en accentue encore la singularité et la sensation d’oppression grâce au découpage et aux cadrages.
Plutôt décevant, cet album ne laisse qu'un pâle souvenir. Les curieux et les amateurs du genre s'y arrêteront un instant ; les autres passeront leur chemin.
Personnellement je n'ai pas bien compris le sens du scénario.
Le personnage principal n'est autre que le célèbre écrivain en proie à des créatures démoniaques à moins qu'il ne s'agisse que de simples cauchemars.
Les dessins sont plutôt réussis.
Mais on a du mal à suivre les auteurs dans leurs 'trip".
Pas pressé de lire le tome 2.
4/10.