Steve & Angie 1. Enzymes sauvages

A ngie Pescarelle est chercheuse dans un laboratoire cosmétique. Steve Crouchouze est guide de pêche. Eux sont des chasseurs d'esclaves venus du futur. Angie recourt aux services de Steve pour se procurer du sperme de tanche birdachoise, réputé pour ses propriétés "revitaliftantes". Disposant d'un profil parfait, ils pourraient constituer des proies parfaites pour faire un bond dans le temps et être exploités dans une usine de jus de dinde. C'est bien évidemment sans compter sur quelques maladresses et une population locale qui ne se laissera pas faire.

Elle, hautaine et sexy en diable, brune épicée à la bouche pulpeuse et aux jambes interminables qu'elle offre au regard de tous. Lui, aventurier de Province et tombeur de provinciales, blondinet aux Ray-ban qui lui mangent la moitié du visage. Eux, répartis en deux groupes. Les émissaires du futur pas futés venus capturer de la main d'œuvre, d'une part. Des bouseux teigneux, sortes de rednecks birdachois sous-évoluant dans le trou du cul de la campagne hexagonale, d'autre part. Et quelques bestioles de l'ère mésozoïque en prime.

Oui, Steve & Angie est aussi fou-fou que cela. En arrière-plan de celles distillées par Antoine Perrot, pêchues et lumineuses, d'autres images viennent immanquablement à l'esprit en parcourant Enzymes sauvages pour illustrer ce joyeux délire. Ébouriffant, ce premier tome est insaisissable comme les meilleurs Poisson pilote et invite, de fait, à essayer d'en multiplier les synthèses. Une gageure. Un autre résumé ? « C'est peuplé de personnages rigolos, finement caricaturaux, à têtes sur-dimensionnées style poupées qui conduisent des micro-machines pilotées pied au plancher ; il y a du Monde perdu, de La machine à explorer le temps, une touche de Délivrance aussi, mais façon rural "ben de cheu nous" ; Non, j'ai pas bu, pourquoi tu dis ça ? ».

Dessin on ne peut plus lisible, couleurs avenantes et douces, alternance de scènes aussi muettes que vitaminées et de séquences quasi-statiques propices aux confidences de personnages dont l'auteur fait évoluer les relations à vitesse grand V, le résultat charme, amuse, déride. C'est léger comme savent rarement l'être les tentatives de jeu avec les clichés, de recyclage des situations vues mille fois, de dérision pour décrire l'évolution hautement prévisible des relations entre les deux héros. Le succès réside dans cette faculté à pousser le lecteur à coller le nez et l'oreille à la page pendant les moments calmes pour mieux voir et entendre, avant de le projeter contre son siège lors des coups d'accélérateur. Décoiffant et jubilatoire. En plus de la découverte d'un auteur à suivre à la trace, Steve & Angie contient tout ce qui a fait la renommée justifié de la collection... Tanche (birdachoise) Pilote.

>>> Le blog d'Antoine Perrot