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lutôt que de se décrire comme un artiste, Marc Wasterlain perpétue, à sa manière, la longue tradition de l’artisan raconteur d’histoires. Personnage emblématique de sa carrière, le Docteur Poche, en est l’exemple parfait. Tout au long des quatorze albums de cette série, l’auteur va faire vivre à son héros à peu près toutes les aventures possibles. Après des débuts très poétiques, sentant bon le fantastique belge, dans Il est minuit Docteur Poche, le ton change et se tourne vers l’aventure au sens large, aussi bien sur la Terre qu’au-delà des étoiles. Ces péripéties, qu’il s’agisse de fantaisies pures (Le petit singe qui faisait des manières), de pastiches (Le renard bleu) ou, même, de récits réalistes (Karabouilla), portent tous la marque de leur créateur. Le respect des autres et des différences ainsi qu’un militantisme écologique avoué sont des thèmes communs à tous les albums. Mais, avant tout, c’est le plaisir de créer et de raconter qui résument sans doute le mieux le travail de Wasterlain.
Au menu de ce second tome de l’intégrale du Docteur Poche : La planète des chats. Cet ambitieux diptyque est sans aucun doute un des sommets de la série. Le héros, appelé pour une consultation dans un établissement pour enfants surdoués (pas celui du Professeur Xavier), se retrouve propulsé, via une moissonneuse-batteuse spatio-temporelle, sur une étrange planète peuplée de chats et de chiens anthropomorphes. Le scénariste a recréé une espèce de copie, version féline et canine, de la Terre aux temps médiévaux. À force d’astuces, d’intelligence et de bravoure, le médecin au manteau rouge réussira à jouer les médiateurs et à participer activement à la fin d’une guerre vieille de cent ans. Ainsi résumé, cette histoire peut sembler des plus farfelues, mais non, l’ensemble est, au contraire, extrêmement cohérent. L’immense talent narratif du créateur de Jeannette Pointu fait la différence. La grande force de ce récit tient dans la minutie et la précision apportés par l’auteur dans la création de cette étrange planète. Chaque détail, aussi bien au niveau des costumes, du folklore local que des décors ont été particulièrement recherchés et réalisés. Ce monde fonctionne parfaitement et, malgré, l’ultime pirouette temporelle un peu téléphonée, offre un très bon moment de lecture pour petits et grands.
Les Gags en Poche qui clôturent le volume constituent peut-être le pan le moins intéressant du titre. Malgré cela, grâce à l’excellent dossier de présentation, ces histoires courtes, dont beaucoup sont inédites en album, permettent de constater l’évolution graphique du dessinateur. À noter que, comme à leur habitude, les éditions Dupuis réalisent là un superbe travail éditorial, aussi bien au plan du contenu que de la réalisation.
Précipitez-vous sur ce copieux volume et envolez-vous avec le Docteur Poche !
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