A
rchibald Weir a décidé de tenir tête à son père, de le défier en contestant l’ordre établi. Fils unique d’un juge puissant et riche dans l’Écosse du XIXe siècle, il a une destinée toute tracée, si ce n’était son caractère insolent et rêveur. Il n’hérite pas du goût pour le droit, mais des terres et de la ferme familiale à Hermiston. Il y retrouve Kristie Elliott, une femme entre deux âges dont la chevelure blonde a fait tourner bien des têtes dans sa jeunesse. Elle connaît tous les secrets et les histoires de la famille Weir et raconte facilement les déboires de son propre clan. Outre les rustres frères Elliott, il fait la connaissance de la nièce de Kristie, Christina et rencontre l’amour. Ainsi Archie passe-t-il ses soirées au coin du feu et écoutant les contes de ses landes, entre songes et rêveries.
Jean Harambat s’était fait remarquer une première fois avec Les invisibles chez Futuropolis, récit en noir et blanc se déroulant au XVIIe siècle, dans sa Gascogne natale. Ici, le dessinateur nous emmène plus loin, sur les terres d’un autre, l’Ecosse de Robert Louis Stevenson. L’auteur de L’île au trésor écrit ce roman durant les derniers mois de sa vie, alors qu’il séjourne aux îles Samoa. Sa mort en 1894 laisse l’écrit inachevé. Il est publié tel quel deux ans plus tard. Il est donc audacieux et surprenant de vouloir adapter en bande dessinée un roman inachevé et assez peu connu de Stevenson. Le pari est osé d’autant que le récit se décline plus en nouvelles qu’en une histoire linéaire. Si ce tome reprend les instructions de l’auteur écossais, la suite sort de l’imagination d’Harambat. Au final, l'impression qu'il ne se passe pas grand chose prédomine, les dialogues, plutôt plats, ne parvenant pas à relever le tout.
Seul le graphisme de Jean Harambat peut interpeller le lecteur, par sa spontanéité, l’énergie de son encrage à la plume. On peut lui comparer la liberté et le caractère du trait de Quentin Blake, célèbre pour ses illustrations de Roald Dahl, la notion du mouvement en moins. Le décalage voulu par le Gascon, qui abandonne les codes classiques de dessin, est un parti-pris autant qu’une étrangeté. Le doute entre la volonté et l’erreur est souvent posé.
Le juge pendeur, première partie d’Hermiston, laisse le lecteur un peu pantois, ne sachant pas vraiment quoi penser de ce récit. La narration et le graphisme de Jean Harambat ne suffisent pas pour attendre la suite avec impatience.
Stevenson est grand auteur qu'on ne présente plus tant il a marqué la littérature par ses romans inoubliables. Hermiston est une œuvre qui est resté inachevée et qui avait pour cadre l'Ecosse. Cette reprise promettait d'être intéressante au vu de toutes ces belles références.
Je précise que j'ai lu l'intégrale qui est sortie en mai 2018. Il y a une fin qui est également prévue pour ne pas rester sur notre fin tout en restant fidèle à ce que l'auteur voulait (indications laissées sur la trame du récit). Je dois dire que je me suis ennuyé ferme à cette lecture qui ne m'a guère convaincu. Même le graphisme dans son imprécision m'a laissé de marbre. Bref, le résultat est plus que mitigé.