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ulticorps Inc., leader mondial de la sécurité privée, rentabilise son armée en retransmettant en direct les faits d’armes de ses soldats sur le terrain des opérations. Un grain de sable va enrayer la machine et Douglas Pistoia, devenu le héros du public, décide de ne plus être une marionnette. Traqué, il rentre aux USA avec ses équipiers pour défendre leur position et faire éclater la vérité. Le combat contre leur employeur s’avère vite sans espoir. L’étau se resserre et d’autres moyens d’actions sont envisagés où tous les coups sont permis, même les plus désespérés.
La critique de la télé réalité poussée à son maximum s’achève. Il n’est d’ailleurs plus question de savoir si notre société fera naître de tels programmes, mais plutôt quand et surtout quelle en sera l’issue. Matz l’a conçue sans concession, accompagnée d’une descente aux enfers de ses héros et d’une escalade inéluctable des intérêts les plus vils engendrés par l’avidité du public. Quatre tomes auront été nécessaires pour arriver à la seule conclusion souhaitable. Celle qui aurait pu donner un sens et une saveur particulière à une série qui, excepté la découverte du premier tome, n’a pas démontré une originalité hors norme. Des héros séduisants au caractère bien trempé, aux compétences surdimensionnées et plongés dans le bain d’une intrigue qui les dépasse, une corruption galopante, l’argent roi et un public télévisuel acquis et accro à l’ignominie complètent le tableau.
Les auteurs abordent également l’intensification du recours des états aux armées privées, dont les dérives possibles sont connues et d’une actualité récente. La surenchère est à peine exagérée, mais le déficit émotionnel (principalement lié au dessin empreint de trop de froideur épurée) et les raccourcis parfois trop rapides et trop faciles (transitions géographiques, plans sans faille, etc.) rendent le récit terne, malgré la conclusion digne d’intérêt. La reprise du dessin par De Meyere à partir du troisième album rajoute à la déception. S’il ne démérite pas, l’appropriation de certains découpages ne suffit pas à faire oublier les spécificités du graphisme de Jacamon, qui a cette particularité d’être d’une originalité "rugueuse" et une justification de lecture à lui tout seul.
Thème passionnant au cœur de l’évolution de notre société, le voyeurisme est abordé de façon extrême mais porté par des protagonistes légèrement caricaturaux qui tendent à rendre trop lisse le récit. Le manque de relief est préjudiciable à une critique qui aurait pu être plus acerbe et efficace. Dommage, l’emballage de départ était attrayant.
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