U
n jour, Harold se réveille avec un goût étrange en bouche. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour le faire passer, ce goût qui le rend malade et lui pourrit la vie, allant jusqu’à perdre une part de son humanité. À moins que son mal réside ailleurs, dans un trouble lié à l’enfance et à la disparition de sa mère.
Par ses couleurs extrêmement lumineuses et son trait nerveux, Neyef adopte d’emblée une approche agressive. Il faut choquer le lecteur, le faire pénétrer de force dans son monde plutôt que le prendre avec douceur. Objectif atteint, tant l’immersion dans cet univers graphique est immédiate. Malheureusement, il s’ensuit une certaine déconvenue pour le lecteur attiré par l’originalité visuelle de ce one-shot. En effet, alors que le texte en lui-même, déjà, ne semblait pas d’un style irréprochable, c’est la façon de raconter l’histoire qui déçoit franchement. Le récit manque de rythme et s’attache à des détails peu intéressants, tandis que le fond de l’intrigue n’est dévoilé qu’à la fin, et d’une manière plus ou moins empressée. Il en résulte une lecture parfois difficile et une baisse progressive de l’intérêt suscité par la recherche d’explications quant à ce fameux goût exécré par un personnage principal dont le sort ne tient pas vraiment à cœur.
La déception sur laquelle se referme cet album est d’autant plus regrettable que plusieurs éléments du récit relèvent d’un certain intérêt et auraient gagné à être plus développés, tandis que le graphisme témoigne d’un talent indéniable. Puisse l’auteur utiliser au mieux cette base pour donner naissance à des œuvres plus fortes et surtout plus consistantes que celle-ci.
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