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orreur ! Hécatombe ! Saperlipopette ! Un colosse de fer et d’acier est en train de saccager notre bonne ville ! Néanmoins, ne perdez pas espoir : le maire vient de former une commission spéciale à ce sujet, l’armée se mobilise et les assureurs affûtent leurs constats… Fuyez, courez, sauvez vos vies !
Farce, totalement absurde par moment, La mécanique de l’angoisse est également une minutieuse étude de la société actuelle. La rumeur, les mouvements de foule, les intrigues politiques et les sombres machinations industrio-financières, Fabrice Erre (Démonax, Le Roux) passe à la moulinette les travers de notre civilisation. Loin de n’être qu’une étude sociologique, cet album est avant tout un très bon moment d’humour et de franche rigolade. En effet, l’auteur possède un excellent sens du dialogue et de la répartie décalée que ne renierait pas un Lewis Trondheim ou encore un Guillaume Bouzard.
La construction est pareillement habile. En partant d’une espèce d’accumulation, apparemment anarchique, de gags et de remarques à la logique implacable et distendue, le récit se construit petit à petit, au fil des pages. Les nombreux protagonistes, importants ou pas, reviennent au-devant de la scène régulièrement et relancent la machine encore un peu plus loin. Comme le scénariste maîtrise parfaitement son sujet, cet effet de surenchère narrative quasi-permanente rend la lecture des plus jouissives.
À la fois hilarant et intelligent, La mécanique de l’angoisse est chaudement recommandé aux amateurs de savants fous, de machines infernales et de peaux de bananes bien glissantes.
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