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yant tenté de trouver refuge chez sa mère, une jeune femme, terrorisée, est rattrapée par son mari ultra violent auquel personne n’ose s’opposer. Avant d’avoir franchi la porte, celui-ci se heurte à une montagne de muscles qui l’envoie au tapis sans ménagement. L’inconnu entre ensuite dans la cuisine et réclame du saké. Devant ses enfants médusés, la matrone s’empresse de le servir et leur annonce qu’il s’agit de leur père. Yusuke et sa sœur apprennent, surpris, que Takeshi Kumada ne les a jamais abandonnés, mais qu’il a été contraint de partir seize ans plus tôt pour avoir fait la peau à un gang de yakuzas, puis emprisonné. Le retour de ce paternel taiseux va marquer un tournant pour sa famille…
Loin de la figure du papa poule changeant les couches et donnant le biberon, Tsuru Moriyama ( Un bol plein de bonheur ) dresse dans Mon vieux le portrait d’un père rude à la virilité toute puissante. Cependant, derrière les balafres, la carrure de forçat, le visage frustre et la testostérone se dessine un être prêt à payer de sa personne pour protéger les siens, même si son amour paternel s’exprime plus par des coups de gueule, envers sa progéniture, coups de poing et coups de boule, envers ceux qui leur cherchent des noises, que par des gestes affectueux et mots sucrés.
Ce premier tome commence fort. Gnons et torgnoles y pleuvent sans discontinuer et les dialogues y sont rares, limités, mais percutants. L’auteur y pose le personnage et laisse entrevoir son lourd passé, tout en esquissant les grandes lignes de ce qui s’annonce comme une chronique sociale sans complaisance. Le dessin accentue encore cet aspect rude et rugueux grâce à un trait qui ne fait ni dans l’élégance ni dans la finesse, mais peint de véritables trognes, peu engageantes, même lorsqu’il s’agit des femmes, tout en étant très expressives. Rusticité et violence sont également rendues dans toute leur intensité, voire avec un rien d’exagération, à travers les nombreuses scènes de baston soigneusement cadrées.
Série courte (trois volumes), Mon vieux ne fait pas dans la demi-mesure, donnant une leçon de virilité brute et de paternité très mâle qu’on appréciera ou non, selon les sensibilités. Une chose est certaine, voilà qui tranche avec une certaine mode du papa qui pouponne.
Mon vieux ne fera pas dans la subtilité. C’est du brut de chez les brutes. Nous avons un homme assez bourru qui revient de prison après avoir explosé des mafieux qui s’en prenait à sa famille. Le voilà qui revient près de 15 années après en ayant purgé de la prison. Il gardera sa force légendaire et essayera de remettre dans le droit chemin ses enfants qui avaient un peu dérivé au fil des années. Bref, un père de famille pas comme les autres.
Outre de grosses ficelles, on aura droit à un dessin très vieilli sur un papier de très mauvaise qualité qui fait cheap manga. Cependant, si on arrive à faire abstraction de tout cela, le lecteur pourra se laisser embarquer et découvrir la vraie virilité des hommes au Japon avec leur sens de l’honneur. C’est trop beau pour être vrai et cela paraît presque pathétique. Oui, je l’avoue sans avoir besoin de tortures. Mais bon, c’est aussi cela le manga. Par contre, le plaisir de lecture restera intact.
Le même auteur nous avait fourni Un bol plein de bonheur toujours sur le thème de la famille qu'il convient de protéger. Les chantres moralisateurs seront aux anges avec ce type de lecture. Les autres détesteront à coup sûr. Testostérone garantie ! Moi, j'aime bien les vieux au cœur tendre !