C
haque matin, dans le train, Yuma subit en silence le harcèlement d’un pervers. S’en étant ouverte à son ami Suwa, celui-ci décide de faire un détour pour la protéger et s’autoproclame son petit copain. En dépit des marques d’affection du jeune homme, Yuma est attirée par son professeur de biologie, Kajima, qui la repousse sans ménagement. Lui-même a connu une romance difficile avec une fille un peu plus âgée qu’il a perdue de vue depuis, mais qu’il ne peut oublier. Dans le même lycée, quelques années plus tôt, un quatuor de copains a été frappé par la mort accidentelle d’un des leurs, révélant les sentiments de chacun. Depuis, Kanna, aimée des deux garçons de la bande, ne peut pas se relever de la disparition de son ami d’enfance, tandis que Maya, celui qui avait gagné ses faveurs, ne parvient pas à construire une relation stable et durable…
Destins croisés, rencontres en différé, émotions à fleur de peau et blessures à vif, tels sont les éléments qui composent la série de Ryô Ikuemi. À l’image du titre, l’auteure imbrique les histoires des multiples personnages qu’elle met en scène, multiplie les points de vue et joue avec les allers-retours à travers les époques. Elle s’affranchit ainsi d’une linéarité narrative qui pourrait finir par lasser, tout en décrivant avec une certaine justesse les questionnements éperdus et naturels de jeunes gens en quête d’identité et à la découverte de leurs sentiments souvent exclusifs, aveugles et passionnés. Petit à petit, les pièces du vaste et ambitieux puzzle s’encastrent, dessinant déjà une mini-société dans laquelle les protagonistes se rapprochent, s’éloignent, se retrouvent au rythme de la vie de chacun et des occasions ou coïncidences qui se présentent. Tour à tour empreint de nostalgie et de joie de vivre, le ton évite de sombrer dans la mièvrerie, malgré un zeste de naïveté dans les pensées secrètes et les réactions des héroïnes. Enfin, accompagnant assez joliment l’ensemble, le dessin de Ryô Ikuemi s’inscrit totalement dans la veine du genre. Les beaux garçons ne manquent pas, les gros plans sur des visages émus sont nombreux et les cadrages ainsi que le découpage, tantôt serré, tantôt aéré, se conjuguent pour transmettre au mieux les ambiances et l’intensité dramatique de certains passages.
Ces deux premiers tomes de Puzzle constituent une entrée en matière prometteuse et plaisante qui donne envie de pousser plus loin l'aventure et de voir progressivement chaque pièce trouver sa place.
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