S
i Émile n’avait pas flanché lors de ce funeste concert en 1982, c’est sûr, il serait une star de la musique. S’il avait mieux su comprendre sa femme, elle ne l’aurait pas quitté. S’il avait un peu plus de courage, il ne serait pas obligé de supporter les remontrances de son horrible patron. Enfin, c’est la vie. Tiens, un extra-terrestre vient de s’écraser dans le champ d’à côté : qu’est-ce qui va encore arriver à ce pauvre Émile ?
Après Cycloman (avec Grégory Mardon), Charles Berbérian « replonge » dans la science-fiction avec Tombé du Ciel. SF de circonstance seulement, car le fond de ce récit place plutôt cet album dans la lignée de Monsieur Jean. Mi farce un peu loufoque, mi portrait psychologique, les (més)aventures d’Émile présentent le cas classique de la crise de la quarantaine. Le héros, sans être un « loser » total n’attend plus grand-chose de la vie et semble avoir accepté sa situation (même s’il aimerait bien ne pas à avoir à habiter chez ses ex-beau-parents). Le fâcheux incident de 1982 revient sur le tapis quand il tombe sur Boris, un extra-terrestre à tentacules qu’on devine vert malgré le N&B. Et si ? Et si on pouvait revenir sur les erreurs de son passé et, ainsi, modifier son existence ? Autour de cette interrogation universelle, le co-créateur de Bienvenue à Boboland s’est amusé à greffer toute une galerie de personnages plus amusants les uns que les autres, comme les savoureux beaux-parents, retraités modernes et branchés, ou un trio de policiers aux méthodes improbables. Sans être d’une très grande originalité, les situations sont à la fois graves et invariablement très drôles. Le scénariste réussit avec beaucoup de brio à maintenir un très bon équilibre à sa narration.
Aux pinceaux, Christophe Gaultier, dessinateur touche à tout (Kuklos, Robinson Crusoe, Le Suédois) a choisi un style très lâché pour illustrer ce scénario. Amateurs de « beaux » dessins hérités de l'école franco-belge classique passez votre chemin. Malgré cela, Gaultier réussi à capter l’intérêt du lecteur par une mise en scène et un sens du rythme des plus aiguisés. Peu importe si les proportions ne sont pas toujours respectées ou si un personnage est parfois à peine ébauché. La tension et le rythme de la narration prennent le dessus ; les cent et quelques pages de l’album défilent sans aucune anicroche.
Tombé du Ciel s’achève alors que tout est encore possible. Suite et fin au prochain numéro !
Les éditions Futuropolis nouvelle version m'avaient habitué à beaucoup mieux. Cela reste néanmoins sympathique mais si peu probable et si prévisible dans l'intention et dans l'action.
Au stade actuel, je n'a pas envie vraiment de lire la suite pour connaître les aventures de ce chanteur d'un groupe de rock dont la carrière semble s'être arrêtée un certain 21 juin 1982 à la fête de la musique quelque part en Bretagne. Un extra-terrestre y serait sans doute pour quelque chose.
Et si on pouvait remonter le temps pour changer tout cela ? Voilà pour le thème central archi vu par ailleurs. Et puis, c'est trop loufoque et absurde pour me convaincre et accentuer le plaisir de lecture ...