« Nul ne guérit de son enfance ». L’épigraphe peut servir à lui seul à résumer l’ouvrage. Olivier organise le vernissage de son exposition de peinture dans une galerie marseillaise. Il préfère discuter avec ses amis du foot plutôt que de s’intéresser aux invités jusqu’à une coupure d’électricité. En ombre chinoise, il aperçoit une silhouette perdue de vue depuis des années. Père, Olivier l’est de deux garçons. Heureux en ménage et grand enfant pour ses « minots », il ne cesse de porter en lui un poids sur la conscience. Son paternel trompait sa femme sous les yeux de son fils et à l’insu des autres. L’enfant voulut tout avouer à sa mère, mais il n’en eut pas le courage. Ce père, idéalisé, déçoit. Il faut alors à l’ainé se construire avec cette désillusion. Non, son géniteur n’est pas parfait. Mais lui, quel parent est-il ?
Avec une mise en page en gaufrier de 4 x 3, les 79 planches de l’album mélangent le passé, lointain ou proche, et le présent, tout autour du personnage d’Olivier. Les différentes périodes s’entremêlent avec une distinction de traitement chromatique qui permet de ne jamais se perdre. D’ailleurs, la mise en couleurs, réussie, donne une ambiance calme, presque apaisée parfois, contrastant ainsi avec les angoisses vécues par ce jeune garçon. La fantaisie graphique s’exprime, elle, plutôt dans le passé, avec des déformations corporelles, des mises en pages astucieuses et d’une grande intelligence visuelle. La cohésion entre la coloration et le graphisme constitue l’essentiel de l’intérêt de l’ouvrage.
Quant au scénario, l’histoire autobiographique se déroule sans heurt, malgré l’enchevêtrement des époques. Pourtant, ce n’est sans doute pas ce qui accroche le plus le lecteur. La volonté d’arriver au bout du récit se fait facilement, par curiosité, bien qu’avec un brin de déception à la dernière page. Le traumatisme du petit Olivier est compréhensible depuis le début, avec la vision d’une mystérieuse voiture rose charriant son père. Le fil des planches n’apporte pas plus d’éléments expliquant cette brisure entre le papa et son fils et la finalité laisse un peu dubitatif. Pourtant, rien n’est traité de façon larmoyant et c’est très appréciable. Peut-être une histoire d’hommes.
Le fils de son père est un album d’une grande qualité et originalité graphique et chromatique. Les frères Mariotti ont un talent indéniable et une vraie cohésion de travail. Le récit, en demi teinte, n’arrive pas à atténuer une vraie intelligence de conception.
L'idée de cette bd au graphisme et à la mise en page assez soignée était d'évoquer les blessures de son enfance liées aux mensonges et au non-dits. Du coup, on s'attendait à quelque chose de terrible.
Au final, à l'image du remplacement de la mère par une maîtresse, on se dit que ce cela ne valait pas le coup. Il y a bien une variation sur l'image du père mais celle-ci est trop alambiquée.
La lecture a été certes agréable. Cependant, cela n'apporte pas grand chose à part une atmosphère empreinte de douceur et de nostalgie.