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ristom est un monde clos, aseptisé, où le but des êtres qui peuplent cette cité parfaite n’est pas de vivre, mais de fonctionner selon le programme génétique qui leur a été implanté dès leur naissance. Artan Beltak, un jeune homme solitaire, semble échapper à cette règle et vouloir prendre ses distances par rapport à un quotidien qui ne lui convient manifestement pas.
Avec Les fenêtres d’Eristom, Raphaël Drommelschlager propose une série de science-fiction facile d’accès qui, sans prétendre à une quelconque originalité, se profile dans une tradition bien définie. Il est vrai que l’univers qui s’offre aux amateurs n’aura pas de quoi surprendre les plus chevronnés d’entre eux. Si l’auteur séduit, c’est avant tout par son graphisme : un trait figé mais élégant, une mise en couleurs lumineuse mais bien dosée… si l’ensemble peut parfois manquer de dynamisme, le style s’accorde plutôt bien avec Eristom et son absence de vie dans le sens où nous l’entendons.
De nombreuses questions subsistent à l’issue de ce premier tome, qui se lit d’ailleurs assez vite. Qui a décidé de la création d’une telle ville ? Quelles sont ces mystérieuses fenêtres et où mènent-elles vraiment ? Quel rôle le héros sera-t-il amené à jouer dans cette aventure qui s’annonce ? L’humanité des habitants de la cité, jusqu’à présent refoulée, parviendra-t-elle à s’extraire du carcan qui la maintient prisonnière ? Le prochain tome devra déjà apporter des réponses, tant celui-ci se contente de présenter les données de base de l’intrigue et un nombre finalement réduit de protagonistes.
Un début pas totalement convaincant pour cette série qui se limite à un timide hommage à la science-fiction. Il est à espérer que les originalités seront plus nombreuses à mesure que l’univers s’étoffera et que les acteurs dévoileront leurs véritables objectifs. Pour l’instant, c’est le flou qui prédomine, non seulement en ce qui concerne les intentions de l’auteur, mais aussi sa capacité à imposer une marque plus personnelle.
Le scénario est prometteur tout en étant classique : le héros est un "élu" que l'on va voir se révolter contre le monde aseptisé dans lequel il évolue. Le bonheur, l'évolution sont des thèmes développés dans cet album. Mais ce qui en fait un album à lire absolument c'est son style : le dessin est épuré et la mise en couleur est d'une luminosité qui colle parfaitement au scénario. A lire et à posséder, si ce n'est pour le scénario prometteur mais encore embryonnaire, que ce soit pour le graphisme pour lequel l'auteur se démarque de tout ce qui a été fait jusqu'à présent.