I
ndiana Jones enlaçant une métisse sortie de la galerie Manara. Comment ne pas avoir cette réflexion en tête à la découverte de La compagnie des ténèbres ? En 1962, l’Indy en question ne recherche pas la relique ou le vestige archéologique (bien qu’il tente de se servir de cette couverture pour se sortir d’un mauvais pas : savoureux second degré ?) mais le dément,dans la jungle mexicaine, comme d’autres chasseront, un peu plus tard, le colonel Kurtz Au cœur des ténèbres cambodgiennes. Le taré n’incarne pas seulement les horreurs de la guerre, ses états de service aux côtés d’Hitler en qualité de "conseiller" en théories occultes et en magie noire le plaçant à un autre niveau, bien supérieur à celui des nazillons nostalgiques cachés sur le continent américain devenus cibles privilégiées du MOSSAD (il est « l’âme la plus noire que la terre ait portée »).
En 2017, dans un monde au bord du gouffre écologique (Apocalypse tomorow…), un inspecteur malade tente de mettre la main sur un tueur qui crée des « anges bleus » : des adolescentes sont saignées, leur cœur arrêté par une pression de la main de leur bourreau avant que les corps dénudés soient peints. C’est dans les mémoires du sosie d’Indy décrit plus haut que se trouve peut-être la clé…
Tout le monde suit ? Dans l’histoire signée par Patrick Galliano, il faut s’accrocher. Oh, non pas parce que l’intrigue n’est pas convenablement exposée, ou parce que les flashbacks sont trop tortueux, ni même à cause de quelques passages un peu gores, mais parce que les éléments se bousculent au portillon. Tueur en série, ésotérisme, chasse aux nazis, références explicites ou maquillées au 7ème Art, dimension politico-écologique, créatures fantasmagoriques, et bien sûr une pointe d’érotisme distillée à doses respectables dans le sillage de créatures qui retiennent l’attention. Dans ce domaine, Mario Milano fait fort avec ses nymphes aux formes avantageuses. Au vu des poses prises par ces femmes-objets (c’est exagéré, seulement quelques unes dans le lot des p…), avec force de cambrures caractéristiques et suggestives, de postures expertes mêlant jeux de jambes et sarabande d’étoffes lâches et, même si ce n’est que l’espace de deux cases, de leur savoir-faire pour conduire le mâle vers l’extase, le renvoi à Milo Manara fait précédemment apparaît pour le moins justifié. La distraction atteint son sommet à la découverte d’une assistante de l’inspecteur dans une tenue échancrée, près du corps et qui découvre nombril et épaules, alors qu’elle évolue au milieu d’un groupe d’intervention qui donne l’assaut à un appartement. Le trait fin et tout en souplesse fait avaler plus facilement la galerie des personnages et leurs relations de toutes natures qui font la sinuosité d’un scénario à côté duquel le Rio Usumacinta emprunté par les héros fait figure de ru rectiligne.
Au terme de la première partie de cette trilogie fantastique qui mange à de nombreux râteliers, la notion d’intrigue semble celle qui peut le mieux caractériser La compagnie des ténèbres. Intrigué, justement, le curieux ne manquera pas la deuxième ration pour voir comment l’agencement de toutes les pièces peut bien s’assembler ; ou, découragé prématurément devant la quantité de matière à remuer, l'autre, au bord du trop plein, passera son chemin dès à présent.
Un premier tome de bonne facture, même si les thèmes abordés ne sont pas révolutionnaires, la gestion des flash-back est assez bien faite, les dessins sont bons, sans être exceptionnels.
En ce qui concerne l’érotisme il est vrai qu'il n'est pas toujours amené de façon très subtile, néanmoins sa présence est inévitable dans ce genre d'histoire, la violence quant à elle ne me parait pas si gratuite que ça, mais ce n'est qu'un avis personnel.
Une bonne surprise en somme, pour tout les amateurs du genre, à lire!
Quoi d'intéressant dans cette BD?
Surement la description d'un monde futuriste en train de mourir où désordre climatiques et misère cohabitent. Une vision proche de l'apocalypse.
Surement de bons dessins et un style narratique innovant.
Surement un scénario non dénué d'humour. Des répliques à la Michel Audiard "putain c'est pas une façon de vivre,ça"...s'exclament des policiers avant de buter tout le monde trois étages plus haut et de s'exclamer encore "putain, c'est pas une façon de mourir,ça". Une cité perdue d'Amérique du Sud au nom rêveur de Xanax. d'accord c'est à prendre au deuxième degré sous peine de surdosage en anxiolytiques.
Ah oui une superbe couverture. Et finalement bien peu.
Mais que pensez de cette violence et surtout cet érotisme gratuit qui permet à l'auteur de remplir ses cases sans faire avancer le scénario. L'histoire est hachée décousue et finalement après la grande digression Joseph Adams on a finalement peu progresser dans l'univers futuriste initial. Mais que diable vient-il faire dans cette histoire?
Bref d'une histoire qui aurait surement fait un bon One Shot les auteurs semblent prêts à le décliner en une trilogie.
Pas sur que les lecteurs soient convaincus. Pour ma part la copie exige d'être revue.
5/10.