Le passage aux escaliers, c’est la mise en scène de la topographie intime d’un auteur, celle de son enfance, celle aussi qui inspire son univers graphique : « J’emprunte trois fois ces passages : une fois dans la réalité, une autre fois dans certains rêves, et enfin quand je les dessine. [...] C’est en m’y baladant et encore en les dessinant maintenant que je me rends compte que ces points de vue, ces passages entre les ruelles, ces détours ont une influence sur moi. Si je ne les avais pas laissés ressurgir en rêve, je ne serais pas revenu m’y balader aujourd’hui ».
Et Vincent Vanoli (Les Contes de la désolation, La Clinique, etc.) d'inviter le lecteur à déambuler à ses côtés dans les ruelles de Mont-Saint-Martin, la bourgade du Nord-Est où il grandi. En lui confiant ses images, ses souvenirs, Vanoli l’enjoint à se les approprier, à y projeter son histoire, quand l’auteur y projette la sienne, originelle et fondatrice.
À l’accompagner au fil des rues, en creux, c’est un territoire en partage qui se dessine, une France de l’entre-deux, entre campagne et ville, entre passé et modernité, avec ses maisons biscornues, ses usines décaties, ses jardins ouvriers, mais aussi sa zone commerciale et ses ronds-points pimpants. Ce paysage, il est à la fois nulle part et partout, chacun est en mesure de le reconnaître : ici, le bar PMU, là, la devanture colorée de la boucherie, les bacs à géranium devant la mairie. Autant de repères veillant le cœur d’un pays et celui de ceux qui y vivent, autant de sentinelles imaginaires composant une trame invisible, une géographie d’infimes différences et de menus détails. Des souvenirs remontent. Simples et forts. Ce village, c'est le nôtre. On le traverse, il nous traverse.
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