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andman a récupéré ses attributs de pouvoir mais la tâche à accomplir reste immense. Son long emprisonnement a laissé le royaume des rêves dévasté, ses anciens serviteurs ont pour la plupart disparu. Il se murmure même que certains seraient allés se cacher dans la réalité pour y semer une certaine pagaille. Et que dissimule la véritable identité de Rose Walker ? Sandman, Dream, Morphée ou quel que soit le nom que l'on lui donne, devra être au four et au moulin, à moins que...
Neil Gaiman est un génie ! La découverte de l'univers de Sandman est ce que l'on peut souhaiter de mieux à l'amateur de littérature fantastique. Rarement une récompense à Angoulême (prix du scénario pour le tome 4) aura été si justement méritée. Pourquoi tant d'engouement ? Tout simplement parce que l'univers de Gaiman est d'une profonde richesse, d'une rare cohérence et d'une originalité folle ! Une introduction s'impose.
Sandman, immortel mais pas d'essence divine, a fort à faire. Il est le seigneur des rêves et veille sur l'humanité depuis la nuit des temps, entité ni bonne ni mauvaise qui n'hésite pas à se mêler aux hommes et à leur réalité pour mener à bien sa tâche. Dans sa famille, rien moins que Death, Destiny, Desire, Delirium, Despair et Destruction, entités dont les noms sont plus que simplement évocateurs. Son royaume, tour à tour sombre et enchanteur, a été particulièrement perturbé par la capture de son seigneur pendant près de soixante dix ans par un sorcier humain particulièrement doué.
Neil Gaiman manie le "chaos organisé du rêve" avec brio et poésie, on y retrouve maintes références littéraires comme Roger Zelazny ("Les princes d'Ambre") ainsi que des références à d'autres Grands des comics comme Alan Moore (on retrouve plusieurs personnages de "Swamp Thing"). Gaiman a la chance d'être parfaitement épaulé par ses dessinateurs dont les représentations oniriques renforcent l'étrangeté de ce monde où réalité et rêve se mélent inextricablement.
Bref du très grand art, un pur régal et un absolu indispensable !
Magistral.
Le second épisode de Sandman est à la hauteur des espérances suscitées par le premier opus. Sorti de sa prison, Dream remet de l'ordre dans son royaume et dans sa vie. Cela passe par la mise au pas de certains serviteurs récalcitrants et fauteurs de troubles. Le personnage principal est ici une jeune mortelle dépassée par les événements: le rêve est dans ce tome plus terre à terre que dans les autres épisodes et plus humain sans doute. Au final un tom très chargé en émotions toujours aussi subtil et habile dans le recyclage de symboles marquants dans l'inconscient collectif, avec une apparition fugace et énigmatique de Desire...