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rigitte et Bernard vivent une relation adultérine banale, ou presque… Elle est l’épouse du patron de l’amant, ce qui provoque parfois des petits soucis d’organisation. Surtout, la maîtresse se fait de plus en plus pressante et souhaiterait que son beau livreur de saucisses quitte rapidement femme et enfants. Mais Bernard hésite à abandonner son cocon familial et à changer sa vie, finalement très confortable. Brigitte décide alors de lui forcer la main et lui fait croire en l’existence d’une lettre, expliquant la situation, qui aurait été adressée à la femme trompée. La réaction du soupirant n’est pas du tout celle escomptée et, l’histoire, très légère, des deux tourtereaux va vite se transformer en drame passionnel.
Thibault Poursin se serait-il trouvé une vocation dans le domaine de la bande dessinée culinaire ? Le nom de ce petit ouvrage, sorti aux éditions Gargantua, pourrait le laisser croire, trois ans après la parution de La Boucherie chez Les Enfants Rouges. Plus sérieusement, la comparaison entre les deux albums va bien au-delà du titre inscrit sur la couverture. Il y a ce même attachement à décrire le quotidien d’une poignée de personnages de la France profonde, sans que le terme ne soit péjoratif, cette même envie de saisir quelques instants de vie, quelconque et insignifiante, jusqu’au basculement, soudain et imprévisible. Alors bien sûr, le thème de l’adultère n’est pas très original en soi, mais la façon dont Thibaut Poursin le présente, sans artifice, en jouant beaucoup sur le symbolisme et avec un style graphique clairement inspiré de Sempé, rend la lecture très agréable.
« Nous avons le désir de tenir entre nos mains des livres attirants, qui puissent susciter un vrai désir de lecture et témoigner d'un humanisme généreux. ». Voilà pour la présentation de la jeune maison d’édition Gargantua. Avec Les remords d’un livreur de saucisses, le contrat est, pour l’instant, rempli.
Après la parution de La Boucherie chez les enfants rouges, voilà les remords d'un livreur de saucisses sans qu'il y ait une véritable continuité. Je pense que l'auteur apprécie cet univers gustatif.
Le scénario est plutôt assez basique (ciel, mon mari !) mais cela est plutôt efficace. On a tous envie de savoir ce qu'il va se passer suite à cette relation adultérine entre notre livreur de saucisses et la femme du patron. Cela se lira assez rapidement en raison de nombreuses cases sans dialogues.
Pour autant, le titre est assez humoristique alors que le récit va plutôt se prendre au sérieux. L'armoire de la chambre à coucher va avoir un grand rôle dans cette petite oeuvre dessinée en noir et blanc dans un style plutôt brouillon et imprécis. Cela ne sera pas comme dans le Monde de Narnia : il ne faut pas rêver ! Le genre sera plutôt le drame intimiste. Moralité: ne jamais manger de la saucisse.