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uelques mois ont passé depuis le départ « improvisé » de Mattéo pour l’Espagne. Toujours recherché pour désertion par les autorités françaises, il risque néanmoins une visite familiale. Le front de la révolution anarchiste hispanique étant calme, il fait part à sa mère de sa volonté d’aller aider les camarades bolcheviques dans leur combat. Lui et son vieil ami Gervasio sont sur le départ pour Petrograd. Mattéo en profite également pour revoir son amour de toujours, Juliette. Si les retrouvailles sont plus que chaleureuses, leurs routes semblent, encore une fois, s’être définitivement séparées. Maintenant, cap à l’Est !
Les déambulations de Mattéo prennent une nouvelle ampleur dans ce second tome. Après les tranchées qui ouvrirent, dit-on, le XXe siècle, Jean-Pierre Gibrat emmène son héros aux prémices d’un autre évènement qui a profondément marqué son époque. Si les idéaux sont nobles, la réalité est, évidemment, toute autre. Équipé d’un appareil photo – pour montrer aux camarades espagnols les progrès de la lutte des classes -, Mattéo est vite utilisé pour cataloguer les ennemis de la révolution. Anarchiste dans l’âme et éternel romantique, il se rend rapidement compte des errances, déjà, totalitaires du léninisme. Bon an, mal an, mais aussi pour les beaux yeux de Léa, une Pasionaria locale, il accepte différentes missions pour ne pas passer pour un traître.
Gibrat a très bien su faire évoluer la mentalité de son personnage principal. Mattéo a mûri, il est plus sûr de ses décisions et, par moments, accepte des compromis qu’il aurait, auparavant, balayés de la main. Cette nouvelle profondeur psychologique associée à la très bonne étude de la limite des idéaux de l'époque rendent la lecture des plus prenantes. De plus, l’auteur du Vol du corbeau réussit à glisser quelques traits d’humour tout à fait réjouissant, par exemple l’arrivée hilarante du duo espagnol dans la glaciale Petrograd. Le scénario est parfaitement huilé, du début, parfait miroir de celui du premier volume, jusqu’au « cliffhanger » des dernières pages qui ouvre de nouvelles pistes déjà intrigantes.
Aux pinceaux, le dessinateur poursuit également dans la lignée du tome précédant. Le traitement à l’aquarelle est admirable. Comme d'habitude, la mise en page est également très originale. Gibrat multiplie les angles de vue audacieux, donnant ainsi du volume à ses dessins. Les reconstitutions, aussi bien de Petrograd que de Paris, sont criantes de réalisme et de vivacité. Un dernier mot sur le traditionnel point fort du père de la Parisienne : Léa, la nouvelle venue, est pétillante et délurée, dans la parfaite lignée des Cécile et autres Jeanne.
Une seconde époque passionnante, très bien construite, et le destin de Mattéo n’en devient que plus captivant. Un titre qui fait déjà figure de classique, à ne pas manquer.
À lire sur le même sujet : La chronique du tome 1 par C. Constant
Dans le 2ème tome, Mattéo est en effet devenu un déserteur anarchiste. Il va côtoyer à nouveau l'amour et la mort. On commence à se dire que ce sympathique personnage se fourre toujours dans des conflits qui lui sont étrangers par dépit amoureux. Entre romantisme et échanges idéologiques, cette série offre bien des surprises. Personnellement, ce qui m'a intéressé était de découvrir le conflit qu'il y avait entre les néo-communistes et les anarchistes pour la prise du pouvoir. C'était quelque chose que j'ignorais jusqu'ici car on a souvent évoqué ce qui opposait les blancs aux rouges mais pas les noirs. Le travail de recherche historique apporte une dimension réaliste au récit avec également des personnages plutôt crédibles. Le trait est toujours aussi exceptionnel dans son réalisme grâce à une colorisation qui colle à merveille. Ce second tome est une réussite qui confirme le talent de l'auteur comme un des plus grands maîtres de la bande dessinée.
A mon sens, ce 2ème tome est encore meilleur que le précédent. Le thème de la révolution Russe, moins connue chez nous, est très bien choisi, et donne envie d'ouvrir des livres d'Histoire pour mieux comprendre cette période. Le personnage de Mattéo gagne en épaisseur, tout comme ses aventures sentimentales. Enfin, JP Gibrat nous offre toujours de magnifiques planches (Ahhh, le bleu nuit...). Un album très réussi.
Un deuxième album dense et sombre où les idéaux du héros continuent à s'écrouler. Après le pacifisme assassiné de Jaurès dans le tome précédent, c'est au tour de la révolution russe de passer sous les fourches caudines.
Mattéo, revenu clandestinement de son exil en Espagne où il se cache des autorités françaises, annonce à sa mère son départ pour la Russie et la révolution. Après des retrouvailles ardentes avec Juliette, le jeune homme lui propose de venir avec lui mais la jeune femme esquive. Mattéo part dépité pour Petrograd. Malgré sa rencontre avec Léa, une jeune bolchévique flamboyante, Il découvrira une révolution incompatible avec ses idéaux anarchistes et libertaires.
De superbes dessins, un texte magnifique, une page de la grande histoire racontée avec brio par JP Gibrat.
1917, la Russie, la révolution bolchevique, ... Gibrat change de cadre mais poursuit avec le même brio les aventures de notre anarchiste espagnol Mattéo.
Un vrai plaisir et une belle leçon d'histoire !
Ce deuxième opus nous emméne dans un nouvel univers, après la Grande Guerre, nous voici en pleine révolution russe. Sujet trés rarement traîté dans la BD, Gibrat nous livre un superbe roman graphique, décor somptueux, personnages à la fois terribles et touchants (comme il est dit dans la postface, "Gibrat dessine bien autre chose que des personnages de papier : ils sont vivants")
L'attente de ce deuxiéme tome fut longue mais elle en valait la peine.
Personne ne peut rester insensible à cette histoire...Merci Monsieur Gibrat...
Mattéo est attachant, il promène sa silhouette dégingandée des tranchées à la révolution russe. Et comme l'amour est un moteur éternel, il traine avec lui comme une douleur son amour impossible pour Juliette. Il nous rappelle notre jeunesse, nos folies, nos amours, en un mots notre insouciance mais aussi nos illusions perdues. Les planches sont construites autour d'aquarelles lumineuses ou sombres qui s'amusent avec des dialogues impertinents et romantiques. Un humour qui prend une distance salutaire avec l'intrigue. Cette deuxième époque est un vrai régal pour les yeux et l'esprit !!!
Et bien cette deuxième époque est encore meilleure que la première ! Le dessin si original de Gibrat reste superbe et décrit à merveille les différents pays et évènements. Et ce tome est foisonnant nous amenant de Collioure en Russie et Paris, de la guerre de 14-18 à la révolution russe. Cette frénésie de l'histoire est très bien décrite ainsi que les sentiments des acteurs qui sont dépassés par les évènements, surtout Mattéo qui ne parvient pas à faire l'impasse sur les ombres de la révolution qui n'est plus aussi belle vu de près.
On vit à la fois une formidable aventure historique et sentimentale.
Totalement indispensable.
De la Catalogne à Pétrograd, des bras de Juliette au lit de Léa, Mattéo traîne ses illusions déchues au gré des mouvements libertaires qui secouent l’Europe de ce début de XXème siècle.
Il y a quelque chose d’involontairement trompeur dans cet album, car la Révolution de 17 fut tout, sauf douce et paisible mais le trait de Jean-Pierre Gibrat en atténue singulièrement l’apprêté en y recherchant la moindre trace d’Humanité. Son dessin possède cet angélisme qui transcende les affres d’une lutte fratricide : Léa, pasionaria d’un bolchevisme hégémonique possède les traits d’une madone !
Au-delà d’un graphisme d’une parfaite justesse, Jean-Pierre Gibrat est le superbe conteur d’une épopée plus humaine qu’héroïque. Paradoxalement, le héros n’est pas forcément celui que l’on croit ; car, à bien y regarder, Mattéo idéalise les événements plus qu’il ne les vit. A contrario, Juliette, Léa ou Amélie (et bien d’autres) assument, quant à elles, pleinement leur part de réalité… Aussi, si elles peuvent apparaître comme des pions, au regard des événements auxquels elles prennent part, elles en sont également les actrices conscientes : que serait devenu Lénine sans Léa et ses coreligionnaires, que deviendrait le petit Louis sans sa mère ?
Cela a été dit maintes fois, un album de Jean-Pierre Gibrat est un événement en soi. Et encore un fois, ce dernier nous gratifie d’un album superbement humain, sur une période qui ne l’a pas toujours été…
A lire et à savourer sans restriction, ni retenue…
Je ne dirai qu'un mot: Superbe.
J'ai littéralement été pris dans le tourbillon de l'histoire.C'est fort bien documenté et ce volume mérite amplement les deux années d'attente.
Quant l'histoire rencontre la grande Histoire, cela peut donner les pires commes les plus belles choses. Ici Gibrat nous plonge avec maestria dans les prémisces de la révolution russe, où bolchevicks, menchevicks, anarchistes et russes blancs se disputent encore le pouvoir vacant.
Dans cet indescriptible chaos, nous retrouvons Mattéo,notre héros, une fois de plus embourbé dans des histoires d'amours déçues, tiraillé entre son engagement anarchiste et Léa,pur produit du bolchévisme.
Autant le premier volume,nous nagions dans un monde malheureusement familier et connu(celui de la première guerre mondiale, souvent traité en bande dessinée -voir le magnifique "Notre mère la guerre" de Kris et Maël) autant ce présent opus nous amène vers des territoires moins exploités dans le monde de la bd, à savoir Pétrograd en 1917; même si le retour sur Paris à la fin de l'album nous ramène plus près de chez nous - d'ailleurs la vignette en bas de la page 46 ne vous fait pas songer à un célèbre poète parisien à une table de bar ?
Le dessin de Gibrat est toujours aussi réussi, aussi bien dans les scènes russes, que dans les scènes parisiennes ou champêtre.Certes, comme l'a précedement écrit Coacho, les personnages, surtout féminins, se ressemblent d'une série à l'autre (Comme si l'héroïne du "Sursis" était condamnée à vivre toutes les aventures imaginées par Gibrat), mais moi, je ne me lasse guère du trait du dessinateur.
Un album dépaysant, riche en dialogues, dense, et , je le répète superbement illustré...bref une réussite, une de plus pour Gibrat.