A
près le quasi monopole de l’Heroic-fantaisy, le soleil se lève sur le fantastique version XIXème siècle. Les adaptations littéraires ont entamé la collection 1800, complétée ensuite par des albums aux tendances mystérieuses voire « gothiques ». Le titre de cette nouvelle série signée d’un spécialiste du genre ne cache rien de ses intentions. Alchimie est un récit mêlant surnaturel, enquête policière et énigme historique.
Tout commence en 1314, lors de l’exécution de Jacques de Molay, où le Grand Maître maudit les Rois de France sur treize générations. Cinq siècles plus tard, la lignée des Capétiens éteinte, un groupe d’hommes veille au trépas de la monarchie, avec notamment l’assassinat du duc de Berry en 1820. Ils sont issus des « Habits Noirs », société secrète dirigée par un homme côtoyant l’immortalité. A leur poursuite, François Vidocq, célèbre détective et le jeune Alexis le Rouge, journaliste. Ceux-ci partagent leurs ennemis avec monsieur de Larmia, proche du Roi, adepte de méthodes insolites. Tous oscillent entre la vie mondaine du XIXème siècle, la magie et la mort.
Richard D. Nolane, pseudonyme d’Olivier Raynaud, apprécie particulièrement le fantastique jusqu’à en faire sa principale activité. Il applique ici le mélange des genres, la volonté de surprendre le lecteur, quitte parfois à le perdre. Le scénario est dense, les dialogues très présents, les époques ou les lieux se croisent, s’emmêlent, jusqu’à ne plus savoir qui est qui. L’ambiance du XIXème siècle se prête volontiers à l’étrange et aux mystères, des ambiances cultivées par les Romantiques et les Néo-gothiques. C’est un bon choix d’avoir construit cette histoire dans le Paris d’Eugène Sue. Mais la chromatique ne suit pas. Certes les couleurs à la palette graphique, avec des volumes « synthétiques » et peu nuancés, marquent une originalité par rapport aux ambiances vaporeuses et noires des récits fantastiques du XIXème siècle, pourtant cette consolation passe mal. Pour une fois, le cliché aurait eu du bon. D’autant que le dessin d’Olivier Roman est de facture classique, très réaliste, ce qui n’accentue guère l’effet du mystère. Cela crée une distance, le lecteur ne rentre jamais vraiment dans l’album.
Par contre, la mise en page, l’inventivité de cadrage sont plus que des atouts, un vrai plaisir. L’architecture des planches, la lecture continue du dessin sur plusieurs cases ou la répartition de différents moments de l’action d’un personnage sont autant de mise en scène ingénieuses et techniques. C’est d’autant plus appréciable que de nombreux auteurs narrent une histoire linéairement, sans de soucier du langage propre à leur médium. Richard D. Nolane et Olivier Roman montrent ainsi leur vraie maîtrise des codes de la bande dessinée.
S’il avait fallu remplir une évaluation de carnet scolaire, l’attribution pour cet album aurait été « Peut mieux faire ». Les qualités sont évidentes et les auteurs pleins de ressource. Mais la facture trop classique du dessin et la complexité du scénario ternissent ses atouts.
Et si la malédiction des Templiers allait plus loin que la chute des Capétiens. Si la mamédiction nous emmenait jusqu'au début du 19e siècle... Voilà un scénario bien ficelé avec une bonne dose de fantastique mais toujours en relation avec l'Histoire de France. J'ai beaucoup aimé ce dyptique qui retrace bien les derniers instants des d'Orléans sur le trône. Les personnages dont Vidocq sont bien cernés, les décors,les costumes, les couleurs bref je me suis bien retrouvé dans le Paris de 1848. Ce sont deux albums que je conseille.