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1432 Le vénitien qui découvrit le baccalà

14/10/2010 8033 visiteurs 7.0/10 (1 note)

E ntre l’Histoire et la légende, le fil est ténu. Le narrateur, qu’il soit un témoin de première main ou un chroniqueur lointain, est le seul maître à bord. Sera-t-il fidèle aux faits ou préférera-t-il arranger tels ou tels détails pour embellir son récit ? Comme dans sa biographie dessinée d’Hugo Pratt, Hugo Pratt, un gentilhomme de fortune, Paolo Cossi s’amuse à mêler les deux approches dans 1432, le Vénitien qui découvrit le baccalà.

L’expédition vers l’opulente Flandre organisée par Pietro Querini, membre d’une célèbre famille de marchands vénitiens, avait tout pour lui apporter gloire et richesse. Une tempête en mer du Nord en décidera autrement. Ce qui avait commencé comme un voyage d’affaire se transforma alors en une terrible fable où la mort et la faim furent au rendez-vous. Avec seulement onze survivants sur les soixante-dix-huit membres que comptait l’équipage, l’issue fut relativement heureuse, mais eut un immense impact et entra dans la légende. En effet, Querini revint à la Sérénissime avec un nouvel aliment dans ses bagages : le baccalà. La morue salée, dont l’usage, très rapidement généralisé à travers toute l’Europe, modifia, pour les siècles à venir, le régime alimentaire du continent.

Au lieu d’un récit linéaire, l’auteur de Medz Yeghern a préféré se concentrer sur certains moments clefs de cette épopée. Les faits sont là, mais avec suffisamment d'espace pour laisser place à l’imagination. La narration rappellera de bons souvenirs aux plus anciens, puisque c’est un certain Oncle Paolo qui raconte à sa nièce et à son neveu cette histoire glorieuse venue du passé. Plusieurs clins d’œil à la BD et autres petits moments d’humour parsemés au fil des pages donnent à la lecture encore plus de piquant. Dernière touche décalée de ce sympathique album, les plus gastronomes des bédéphiles trouveront de savoureuses recettes de baccalà réunies en fin de volume.

En phase avec le ton du scénario, le dessinateur sème également le doute au niveau graphique. Très précis pour les décors et les costumes, les personnages gardent néanmoins une allure très caricaturale au niveau des visages. L’évolution de ceux-ci est néanmoins particulièrement intéressante. Dépeints, au moment du départ, dans toute leur gloire de conquérants, l’équipage semble s’étioler au fil des affres du naufrage, avant - pour les plus chanceux - de reprendre du poil de la bête après leur sauvetage par les habitants des îles Lofoten. Dommage que l’impression, parfois à la limite du flou, ne rende pas plus hommage au très beau traitement à l’aquarelle monochrome.

Chronique historique racontée d’une façon originale, 1432, le Vénitien qui découvrit le baccalà est des plus convaincants.

Du même auteur :
La chronique d’Hugo Pratt, un gentilhomme de fortune par A. Perroud
La chronique de Medz Yeghern par L. Gianati

Par A. Perroud
Moyenne des chroniqueurs
7.0

Informations sur l'album

1432
Le vénitien qui découvrit le baccalà

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 02/09/2021 à 15:07:39

    Du même auteur, j'avais déjà pu apprécier son travail de reconstitution historique dans « Medz Yeghern: le grand mal ». Là, il nous raconte avec le plus grand soin dans les détails, l'histoire d'un marchand vénitien au XVème siècle qui découvrit le baccalà, un célèbre plat de poisson. D'ailleurs, cette bd se termine par de délicieuses recettes de baccalà. Bref, le sujet sera beaucoup plus léger. J'aime son trait toujours aussi expressif. Quant au récit, il est fluide donc agréable à la lecture.

    C'est par amour de l'auteur pour la ville de Venise que nous découvrons le périple de Pietro Querini dont le navire n'atteignit jamais les Flandres suite à une tempête. Les marins s'échouèrent sur une île norvégienne située dans le cercle arctique. C'est dans ce lieu inhospitalier qu'ils découvrirent des habitants plutôt hospitaliers ainsi que ces fameuses morues séchées.

    Les amateurs d'histoires vraies qui ne sont pas connues du grand public seront impressionnés par la qualité de cette bd. Les autres un peu moins.