A
msterdam 1641, Rembrandt Van Rijn et sa femme Saskia viennent d’avoir un fils, Titus. C’est leur premier enfant à ne pas mourir à la naissance. Pas facile d’avoir pour père le truculent artiste, au caractère - et à la glotte parfois - bien trempé, ni d’être spectateur de ses frasques, qui ne manquent pas d’attirer quelques problèmes à la famille. Les femmes, petites et grandes, seront une source de réconfort pour le jeuneTitus. En particulier, la maîtresse de son père et Magadalena, sa cousine, avec laquelle il vivra toutes les étapes de la complicité puis de la séduction.
Le fils de Rembrandt est un gros bouquin (300 pages ! ) qui se révèle léger comme une plume à la lecture, gracile comme le gamin qu’il met en scène, et bondissant d’une période de sa vie à une autre. Chacune est d’ailleurs conclue par une image qui, outre le fait de laisser Titus face à lui-même et à ses émotions, marque une pause, propice à la réflexion, avant d’entamer l’épisode suivant. Celui-ci sera peut-être l’occasion de découvrir le peintre par les yeux de celui qui fût, à l’occasion, son assistant et plus encore par ceux d’un fils qu’il ne cesse évidemment d’être. Bien que l’auteur donne à apercevoir l’artiste à l’œuvre, il est bien vite évident qu’il n’a pas choisi d’en livrer une biographie par un moyen détourné ou un prétexte. Le colossal personnage ne fait pas d’ombre au petit bonhomme et à la romance qu’il vivra avec la malicieuse Magdalena avant de disparaître à l’âge de 26 ans, sans avoir vu naître sa fille.
L’exposé de cette courte existence et les choix retenus par Robin (dont la « patte » est bien connue des habitués des publications jeunesse de Bayard - il est directeur artistique de "mes premiers j'aime lire " -, Nathan ou Gallimard) poussent à hésiter sur le « cœur de cible » de son livre lorsqu’on va au-delà d’un furtif aperçu. Les premiers chapitres et son dessin, parfois proche du croquis, inviteraient à ranger Titus avec le Petit Nicolas et donc à offrir le livre à la curiosité de tous les publics, l’histoire pousse à privilégier un lectorat ayant déjà gouté à la période de l’adolescence (y compris s’ils s’en sont désormais beaucoup éloignés) pour mieux l’apprécier. Tout n’est pas parfait pour autant. Le lettrage, pourtant fin, surprend tant il contraste avec la fragilité du trait qui s’accommode mal de tout ce qui peut sembler un tant soit peu calibré. Les quelques scènes de pugilat sont brouillonnes sans être convaincantes. Mais tout ceci n’altère pas la plaisir de parcourir les grands traits de cette courte existence, virevoltante, délicate et riche d’émotions simples.
Voici la première bd de Robin qui est directeur artistique dans l'un des magazines jeunesse de Bayard presse ("J'aime lire"). Il frappe fort car c'est un pavé de 300 pages. Le dessin est encore imprécis, voire un peu brouillon par moments. Cependant, il y a un certain dynamisme du trait. On voit qu'il y a du talent même si ce n'est pas encore le top.
On va suivre la vie de Titus de 4 à 26 ans. C'était le fils de Rembrandt qui vivait dans une époque où les épidémies ne faisaient pas de quartier. A travers lui, on découvre également son illustre père sous une autre facette. Les difficultés sentimentales, pécuniaires et administratives vont s'accumuler jusqu'au malheur. Tout est abordé sans tabou.
C'est une bd qui a du rythme et de la légèreté malgré tout.