C
amille est une jeune femme pleine de vie. Études de droit, un petit copain au Canada et mille projets dans la tête. Parfois, elle pleure sans raison et semble perdre complètement ses moyens face aux petits évènements de l‘existence. Camille est bipolaire.
Le scénario, fruit de la collaboration entre Patrice Guillon (Les blagues de comptables) et sa fille Émilie - Camille dans l’album - reprend, chronologiquement le long et douloureux parcours face à la maladie de cette dernière. Le récit, précis médicalement, est des plus poignant mais ne tombe jamais dans le pathos et le voyeurisme. Le lecteur accompagne l’héroïne à travers sa dépression : tentatives de suicide, hospitalisations volontaires et forcées, cortège de médicaments, errance destructive et, heureusement, dans quelques périodes de rémission et autres petits moments de joie et d’espoir. Le ton est franc et sans concession. Dans un témoignage comparable (Journal d‘une disparition et Journal d‘une dépression), Hidéo Azuma avait su glisser quelques pointes d’humour décalées, ces petites respirations bienvenues manquent peut-être dans le cas présent.
Sébastien Samson illustre avec beaucoup d’attention cette histoire. Son style, l’influence de Frédérik Peeters perce à l’occasion, joue sur les décalages. Les décors, très travaillés et très précis, s’opposent à une représentation des personnages simplifiées, presque enfantines pour les visages. Cette approche permet au dessinateur de montrer avec beaucoup d’efficacité les émotions très changeantes des protagonistes. Le découpage est également efficace, il offre une très bonne lisibilité tout au long de l’ouvrage. Pour un premier, Samson s’en sort plus que bien.
Le journal d’un bipolaire est un excellent témoignage très bien réalisé sur une terrifiante maladie. À découvrir.
Je suis toujours preneur pour lire des récits qui nous font découvrir la maladie afin de mieux l'appréhender le cas échéant. La bi-polarité était encore inconnue du grand public il y a peu de temps. Nous suivons en l'espèce le parcours autobiographique d'une jeune femme Camille en proie à des troubles de l'humeur puisqu'elle passe de phases euphoriques au désespoir le plus total pouvant conduire à des tentatives de suicide.
Ce sont souvent des gens normaux, totalement intégrés, que l'on peut croiser tout les jours comme une collègue par exemple. Cela touche souvent l'entourage qui doit avoir beaucoup de courage pour faire face à cette situation malheureuse. Le pire de cette maladie est le fait de ne pas parvenir à la détecter à temps.
Je constate comme Camille que ces personnes sont souvent plus intelligentes que la moyenne, qu'elles passent souvent des concours administratifs de haut rang pour intégrer notre administration. Ainsi, je me rappelle que le responsable hiérarchique de mon épouse était malheureusement atteint de bipolarité. C'est alors la première fois que j'avais entendu parler de cette affection d'ordre psychologique liée à un dysfonctionnement au niveau du système nerveux central. Lorsque des malades occupent des rangs assez importants dans l'Administration, je vous jure que cela peut causer des dégâts importants...
Pour le reste, c'est un témoignage authentique qui peut nous toucher. Cependant, j'avoue avoir été sans doute plus marqué par d'autres témoignages du même genre dans d'autres oeuvres comme La Parenthèse par exemple. Peut-être que c'est dans le style d'écriture.