225.000.
225.000 km d’égouts et de galeries souterraines sous les pieds des habitants de Megalopol. Repaire idéal pour bestioles de tous poils, écailles ou cuirs et pour une catégorie de population qui ne trouve plus son compte dans ce qui se passe à la surface.
Si chacun avait continué à vivre de son côté, la situation aurait pu perdurer…
C’est toujours un plaisir de retrouver Christophe Bec au générique d’un album « à frissons », le temps de s’offrir un quart d’heure de détente et de tension conjuguées (tout en souplesse le lecteur !). Under n’échappe pas à la règle du « genre » avec son flic dur à cuire mais à la fêlure apparente (il n’a sans doute merdé qu’une fois dans sa vie de pro, mais le traumatisme est patent), son maire capable d’étouffer une affaire pour ne pas compromettre sa réélection ou sa jeune scientifique, bien carrossée et bien décidée à quitter les paillasses immaculées pour se frotter au terrain. De l’hautement classique qui passe sans encombre grâce aux nombreuses touches d’humour qui jalonnent l’album et tordent le cou à certains clichés avec jubilation. Qu’on se rassure, il en reste mais Bec s’amuse – et le lecteur bien disposé avec lui – à jouer avec certains d’entre eux et à en torpiller d’autres. Citons la zoologiste qui écrase une créature dégueu qu’elle était censée étudier avec minutie et ravissement, le représentant de l’État-major qui se préoccupe de la sécurité de ses congénères alors qu’en général (!) les représentants de l’Armée s’en foutent comme de leur première paire de rangers ou encore l’impassibilité absolue du héros qui se fait jeter comme un kleenex par sa conquête d’un soir. Passer à côté de ces friandises, c'est se borner à une lecture au premier degré sans grande saveur.
Second degré de rigueur donc car pour le reste, le parcours alterne les passages familiers : innocents qui découvrent les créatures, affamées et colossales à souhait, gros bras qui ne maîtrisent pas tous le feu de l’action avec le même talent, magouilles politiciennes, zeste d’érotisme soft et exposés plus ou moins documentés qui jouent avec quelques légendes urbaines. Et qui se targuera en revanche d’avoir véritablement tremblé doit appartenir à la catégorie de ceux qui se font peur avec l’ombre de leur petit doigt.
La mise en images de Stefano Raffaele, avec lequel il signe également Sarah (Dupuis) ou Pandemonium (Soleil) s’accommode des particularités qui constituent l’une des signatures du scénariste : un terrain de jeu en vase clos - ce qui n’exclut pas le gigantisme de certains lieux - où les ténèbres et les recoins abritent toutes sortes de dangers possibles. L’air frais, Bunker (Dupuis) étant peut-être l’exception qui confirme la règle, connaît pas. Globalement, histoire et graphisme confondus, on repassera pour l’innovation (quelques bébêtes à la bouille très familière notamment) mais les fioritures ne sont pas au menu du jour.
Produit de consommation courante, sans que ce soit en l’occurrence péjoratif car il y a matière à se distraire, Under est une brique supplémentaire à l’édifice d’un auteur qui compose une œuvre à ramifications multiples. Il faut être client, et probablement coutumier du genre comme de l’auteur, pour en tirer pleine satisfaction mais il n'est jamais trop tard pour s'y mettre. Ce fumet d’égouts, cette pénombre glauque, cet assortiment de tripailles dressées avec soin ! En appétit pour le prochain service !
En accord avec l'ensemble des avis donnés sur ce diptyque, mention spécial à celui de lahtdekc (qui a tout dit)
Cette série m'a permis de connaitre ces charmantes bestioles que sont les solifuges.
On connait l'affection ,(l'obsession?), de Christophe Bec pour les situations où un groupe humain est confronté à l'impensable, dans des ambiances menaçantes généralement amplifiées par une forme ou une autre de démesure. Idem pour ses constructions, et ses références, toujours très "cinématographiques". "Under", tout en ayant toutes ces caractéristiques (ou justement par ce qu'elles y sont) est assez décevant, surtout à cause des personnages, et des situations dans lesquelles ils se trouvent, tellement stéréotypés: un héros ténébreux et torturé par son passé, une "intello" sexy au beau milieu d'une bande de machos, un maire magouilleur, les gros bras patibulaires, etc..., etc...
Le dessin de Stefano Raffaele alterne le bon et le moins bon mais manque de caractère pour compenser les faiblesses scénaristiques. La mise en couleur de Christian Favrelle est étrange. Dans le contexte, ce n'est pas un défaut.
Muté à la sécurité des égouts de Megalopol, Wilson Jericho doit accompagner, Sandra Yeatman, une jeune biologiste désireuse d’étudier la faune de ce dédale…
S’il est indéniable que Christophe Bec, en scénariste averti qu’il est, maîtrise toutes les ficelles et exploite tous les codes du genre, il n’en demeure pas moins que cette même maîtrise ôte, in fine, une grande part de suspens à cet album.
Il en est de même pour le dessin de Stefano Raffaele dont le réalisme s’avère être à la limite du clinique : Wilson Jericho a cette virilité d’écorché propre à tous ses coreligionnaires, les méchants sont (bien) méchants et la belle scientifique est physiquement irréprochable. C’est (trop) net, (trop) propre : plus de travail sur les ombres et un graphisme moins précis auraient peut-être apporté à l’ensemble une dimension plus incertaine, plus sombre… plus glauque et ... plus humaine !
Au final, un album stéréotypé, à l’image de ces productions hollywoodiennes qui se clonent entre elles afin de ne pas décevoir leurs spectateurs. Dommage car il y avait matière à …