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Jour J 3. Septembre rouge

13/09/2010 13133 visiteurs 5.7/10 (3 notes)

L ’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand et de son épouse le 28 juin 1914 à Sarajevo et la mise en œuvre du plan Schlieffen qui prévoyait d’envahir la France en six semaines, voilà pour l’Histoire avec un grand « H ». Dans le troisième tome de Jour J, le plan de l’État-major allemand fonctionne parfaitement, la bataille de la Marne se solde par un échec pour les troupes alliées et, le 24 décembre 1914, Guillaume II parade, triomphal, sur les Champs Elysées. Après la capitulation de la France début 1915, Clémenceau refuse la défaite et fonde un cabinet de résistance nationale à Alger. La Russie, quant à elle, continue son combat contre l’ennemi jusqu’en 1917, date à laquelle Nicolas II s’apprête à négocier avec le Kaiser. Pour le Tigre, cette annonce sonne la fin des espoirs de contre-attaque à partir de l’Afrique. Afin de conserver une infime chance de succès, une seule solution : faire assassiner le tsar.

Pas de guerre des tranchées, mais l'entrée en résistance d’un homme charismatique qui lance un appel de l’autre côté de la mer, voilà qui ressemble fort au déroulement de la seconde guerre mondiale. Dans Septembre rouge, c’est pourtant de la première dont il s’agit et le concept de l’album vaut surtout pour l’ambiguïté du personnage central, Georges Clémenceau. Ardent défenseur du patriotisme, combattant acharné de l’antimilitarisme, il se résigne pourtant à faire sortir de prison Jules Bonnot, anarchiste convaincu, arrêté en 1912 pour vols et meurtres. Pour le président du Conseil, l’ancien braqueur est l’homme de la situation. Surveillé étroitement par le commissaire Blondin, il est alors envoyé en Suisse, première étape avant le but ultime de sa mission, en Russie.

Le scénario concocté par Fred Duval et Jean-Pierre Pécau a de quoi dérouter. Là où l’on s’attendait à faire face à une France occupée par l’armée allemande et une résistance souterraine organisée, c’est finalement une véritable bataille idéologique qui est proposée, concernant plus particulièrement le mouvement anarchique du début du XXe siècle. Et quoi de plus symbolique que le face-à-face entre un flic et le leader de la « bande à Bonnot » pour représenter l’affrontement de ces deux pensées antinomiques, quitte à forcer parfois un peu le trait des protagonistes. L’entorse faite à l’Histoire a produit des effets que les auteurs ont choisi, du moins dans la première partie de ce diptyque, de ne pas montrer, excepté peut-être l’exil de Clémenceau de l’autre côté de la Méditerranée. L’album reste plaisant même si l’intérêt de l’uchronie n’est, pour l’instant, pas flagrant, bien que l’ultime case laisse espérer une suite autrement plus alléchante.

Amené par un dessin globalement réussi, restituant parfaitement l’ambiance de l’époque, Septembre rouge peine à trouver ses marques, en attendant, peut-être, une suite d’un tout autre calibre.

Par L. Gianati
Moyenne des chroniqueurs
5.7

Informations sur l'album

Jour J
3. Septembre rouge

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L'avis des visiteurs

    Saigneurdeguerre Le 12/01/2020 à 18:25:46

    La Bataille de la Marne perdue, le gouvernement français se réfugie à Alger d'où il poursuit la lutte contre l'Allemagne, Clémenceau étant président de la IIIe république.

    Les Allemands installent sur le trône de France un roi fantoche.

    La flotte anglo-française parvient à tenir à distance l'Allemagne, mais les choses pourraient bien changer : si le tzar Nicolas dépose les armes, les Allemands pourraient faire venir leur flotte de la Mer Noire. La marine française ne saurait surveiller autant de voies de navigation qui pourraient permettre à une flotte d'invasion de débarquer en Afrique du Nord…
    Heureusement, il y a Clémenceau ! Celui-ci sait que dans une guerre totale tous les coups sont permis… Et puisque le tzar Nicolas en déposant les armes pose un problème à la France, la solution est « simple » : il suffit de liquider le tsar. Pour ce faire, le Président s'adresse au célèbre commissaire Blondin des Brigades du Tigre, créées par ce même Clémenceau… Mais que diantre le Président demande-t-il là à un homme aussi droit que Blondin ? Commettre un assassinat ? Ce n'est pas dans ses cordes, sa morale le lui interdit ! Clémenceau qui pense à tout a une botte secrète : l'anarchiste Jules Bonnot ! Bonnot ? Mais il est mort en 1912 lors de l'assaut des forces de police à Choisy-le-Roi ! Que nenni ! Gravement blessé, il a survécu et a été enfermé dans diverses prisons françaises, dans le plus grand secret, sur ordre de Clémenceau. Il est actuellement détenu au château d'If. Problème : celui-ci est du mauvais côté de la France. Qu'à cela ne tienne ! Une petite opération « commando » va permettre d'aller quérir l'assassin pour qu'il exécute les grands desseins de Clémenceau, encadré par le commissaire Blondin…

    Critique :

    Si vous n'aimez pas les uchronies, passez votre chemin ! Jour J est une collection qui repose sur le principe-même de l'uchronie. La qualité de cette collection est très variable, tant au niveau du scénario que du dessin. Alors, qu'avons-nous ici ? Une pépite ! Un des meilleurs bouquins de la série ! Tant le scénario, de Fred Duval et Jean-Pierre Pécau, assistés de Fred Blanchard, que le dessin de Florent Calvez sont très bien ciselés. Même si le dessin est un peu statique. Les décors sont généralement très bien travaillés et la mise en couleurs par ce même Florent Calvez crée de belles atmosphères. La couverture, signée

    Un énorme effort de documentation a été fourni au point de se laisser séduire par cette histoire parallèle et de vouloir y croire. Evidemment, beaucoup de libertés sont prises avec la technologie puisque l'hydravion utilisé dans le récit, le Lioré et Olivier LEO H-13 A, ne sera mis en service qu'à partir de 1922.

    Petit clin d'oeil, Tintin va se faire dépouiller. Oui, oui ! LE Tintin d'Hergé !
    Le futur Tito est également présent sous les traits d'un légionnaire « français ».

    BIBI37 Le 03/10/2010 à 23:35:35

    Il manque décidemment quelque chose à cette série.
    Ici la modification de l'histoire ne joue qu'un role modeste et tout l'album est fondé sur le face à face en un ex-commissaire des brigades du tigre et un assassin anarchiste. L'histoire fonctionne au ralenti comme le rythme de l'histoire; on est même pes surpris de lire "à suivre".
    Les dessins sont très esthétiques notamment la balade en avion de nos 2 héros.
    Pas sur que cela suffise à me passionner pour la suite.
    Impression mitigé.
    6/10.

    madlosa Le 03/10/2010 à 15:37:08

    3ème volet de la série Jour J, Septembre Rouge est le tome le plus convaincant de la série et le premier d'un diptyque dont le prochain volume à paraître est Octobre noir. L'uchronie s'est installée dans un Paris envahi par le Kaiser le 24/12/1914. Elle met en scène le premier flic de France aux ordres de Clémenceau chargé d'utiliser les compétences de tueur de l'anarchiste Bonnot pour inverser le cours de l'histoire... Mais voilà les choses ne sont jamais aussi simples dans l'action et un étrange lien va se nouer entre les deux hommes. Le récit est alerte et se lit avec plaisir grâce à des planches efficacement agencées et à des dessins mis en valeur par des couleurs réussies. J'ai hâte de lire la suite !!!

    DixSept Le 23/09/2010 à 21:29:14

    En appliquant à la lettre le plan Schlieffen, l'Allemagne remporte la bataille de la Marne et la guerre de 1914. Dès lors, la résistance s’organise, à Alger, autour de Clémenceau…
    Le Trio Pécau/Duval/Blanchard signe ici une uchronie qui revisite avec intelligence le 1er conflit mondial et …la Révolution russe. Toutefois, le scénario de ce premier album privilégie peut-être trop le rythme au détriment de l’intrigue voire de la psychologie des personnages (quelque peu caricaturaux). Pour ce qui est du dessin, même s’il apparaît encore un peu rigide, le graphisme de Florent Calvez s’inscrit pleinement dans l’histoire et devrait rapidement évoluer vers plus de fluidité et de naturel.
    En attendant « Octobre noir », « Septembre rouge » constitue le 1er album crédible de la série « Jour J ».