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aïkonour, 1957. Dans quelques mois, l'URSS fêtera les quarante ans de sa révolution. Pour marquer les esprits et montrer la supériorité soviétique au monde entier, Khroutchev souhaite « construire l'arme la plus terrifiante que la terre ait connue ». La course contre la montre et contre l'adversaire est lancée, la guerre de l'espace a commencé.
Premier d'une série de cinq albums, 1957 Spoutnik inaugure une nouvelle saga retraçant la compétition américano-russe pour la conquête spatiale. L'affrontement se fera à distance, loin des champs de bataille. Pour tout dire, en temps de guerre froide, le fait que les protagonistes soient coupés du monde n'offre aucune garantie. D'autant que le danger et l'ennemi peuvent se trouver à l'intérieur de ses propres rangs en raison de la rivalité née de la haine tenace que se vouent certains. Documenté comme il se doit, en distillant les informations techniques et historiques avec précision et sans lourdeur, le récit de Régis Hautière se concentre donc sur les évènements se déroulant dans ce vase clos. Les stigmates laissés par la guerre, l'emprise du KGB, le climat de paranoïa ambiant concourent à construire une intrigue aux accents de récits d'espionnage plus que typiquement historiques agréable à suivre.
Dans ce contexte, Damien Cuvillier restitue bien l'immensité, le vide, le silence, des lieux et l'absence de chaleur humaine qui règnent au sein d'une communauté concentrée sur son travail, animée par le désir de relever un défi qui ferait d'eux les premiers à réussir un exploit scientifique. Au profit de la nation ? Pour une majorité d'entre eux, probablement.
Prochain rendez-vous en 1961, pour un nouveau récit complet ayant comme élément central le premier vol d'un homme dans l'espace, Youri Gagarine.
C’est intéressant de voir combien que l’histoire de la conquête de l’espace n’a pas été aussi simple que cela. Le lecteur découvrira les histoires cachées derrière chaque exploit technique. Ce premier tome donne l’avantage aux soviétiques avec la mise en orbite du premier satellite humain à savoir Spoutnik alors que le monde occidental croyait être en avance de plusieurs années. On sait par avance que les américains combleront leur retard puisqu’ils seront les premiers à envoyer des hommes sur la Lune. Certes, mais c’est toujours bien de revivre ces moments d’anthologie pour les amateurs de l'espace.
Le contexte était très intéressant. Cependant, on remarquera au final que ce récit se résume à une succession d’actes de sabotage et d’espionnage avec la ribambelle d’actions plutôt classiques. C’est même assez bavard par moment. On n’entre pas vraiment dans la peau du personnage central qui vit une curieuse aventure. Pour autant, s’il n’y a point de sensationnalisme, cela colle parfaitement à la réalité. Or, ne s’agit-il pas du concept de départ ? A la fin de l’ouvrage, on aura droit à un dossier assez passionnant où l’on se rend compte que le récit de fiction n’est pas loin de la réalité supposée.
Je dois également avouer que le dessin ne sera pas franchement magnifique mais tout juste correct pour ce genre d’histoire. Après, au final, on se rend compte que cette bd a pu éviter un certain nombre d’écueils et c'est déjà pas mal. On observera par conséquent la suite avec attention.
Cette série se veut une saga combinant des faits dont le détail réel n'est connu que depuis quelques années, et d'improbables intrigues d'espionnage.
Images simplettes, décors simplistes, intrigue sans plus.
C'est le scénario, qui en greffant astucieusement une intrigue d'espionnage sur de rares événements historiques qui parvient (à peine) à propulser cette fusée vite lue, vite oubliée.
Pour une déconstruction passionnante de la plupart des mythes qui ont été soigneusement montés par la propagande soviétique, on lira « De Spoutnik à la Lune - L'histoire secrète du programme spatial soviétique », de Pierre Baland.