L
ondres, 1977. La crise et l’inflation se sont installées dans un pays que la croissance, elle, a quitté. Le chômage touche un million de personnes. No future. C’est justement l’un des slogans du mouvement punk qui émerge. Dans le même temps, tradition oblige, l’Angleterre s’apprête à honorer la Reine à l’occasion de son jubilé. En marge, Malcom Mc Laren, le manager des Sex Pistols, a négocié avec la police une autorisation pour que, au moment de la parade royale, ses poulains puissent jouer sur le Queen Elisabeth qui sillonnera la Tamise. Les forces de l’ordre mobilisées, la pègre et les trafiquants peuvent se livrer à leurs petites affaires ou, en l’occurrence, échafauder un très gros coup…
Après un très bon Soul man, voici donc un nouveau titre de grande qualité, dans un genre différent, pointer son nez dans la série Le casse (Delcourt). Avec son arrière-fond politique, élément qui donne une dimension supplémentaire aux polars qui sortent du lot, La grande escroquerie frappe dès son entrée en matière et restitue idéalement l’état d’esprit des groupes punks des 70’s agonisantes. Pas d’intro, on envoie direct. Là, c’est le « Pig » sorti d’Animals qui se fait exploser. Pink Floyd, stéréotype du groupe déjà qualifié à l’époque de dinosaure du rock , pris pour cible, quoi de plus logique ? Un riff, des phrases-chocs expulsées, les tripes plutôt que la technique, et en moins de trois minutes le tour est joué. Caricature ? Évidemment, comme celle qui consiste à dire que le Floyd et ses comparses de la prog’ ou du hard de l’époque s’enlisaient systématiquement dans les morceaux longuets, pompeux, destinés aux top model de la Hi-fi. Toujours est-il qu’en une planche, le ton est donné. Fort.
Spontané et nerveux aussi le trait de Christophe Quet, encore plus aiguisé que d’habitude, plus brut et rapidement exécuté sur « papier basique » (sic) et au style bille pour plus d’impact. De fait, le dessin est une bande son qui sonne comme une évidence, sans sophistication inutile autre que ces inserts, plus papier collé sans soin que post-it clinique, qui introduisent chaque planche : des détails prélevés sur ce qui va être donné à découvrir sans trop tarder et qu’on se surprend à attendre avec une impatience grandissante d’une page à l’autre.
Habile également, la manière de plonger le lecteur dans l’époque. Par l’approche visuelle, bien évidemment,, mais aussi par l’ambiance qui se dégage dans la construction de cette histoire et des dialogues. Les exemples se bousculent dans ce qui ne doit pas seulement apparaître comme un casse qui servirait de prétexte à la mise en scène du combat entre un mouvement réformiste et les tenants du conservatisme. Le choc est bien présent, tout comme les crapules, les ripoux et les indics, les coups de feu, les scènes d’actions et le butin, les trahisons, les masques qui tombent et les retournements de situation, les figures connues de l’époque, les anonymes et les hommes de l’ombre aussi, qu’ils aient été victimes ou qu’ils aient tiré leurs marrons du feu.
Mais il y a plus. Des détails en apparence qui font cependant le sel du récit. Dans le ton, on retrouve les repères incontournables de certains classiques du film policier, appartenant au dessus du panier ou à l’étage inférieur. Dans les termes choisis. Il est par exemple question de « moto japonaise » pour bien rappeler que l’escroc choisit d’échapper à la police avec un engin produit ailleurs. Ou, selon l’endroit où ils se trouvent, les garants de la sécurité publique français et britanniques rejettent sur les fauteurs de trouble d’Outre-Manche la menace d’une invasion du pays par des pratiques décadentes. Les exemples pullulent et les répliques fusent, teintées souvent du cynisme si caractéristique du mouvement punk (« [la drogue c’est] La marchandise par excellence. On peut insulter le client, il reviendra » ; ou l’aigre « l’avenir c’est la finance, pas la drogue »). La galerie de portraits de type « que sont-ils devenus ? », qui mêle évidemment destins réels et de papier, vaut également le détour.
Le punk a échoué en tant que « grande entreprise de déstabilisation », et c’est indiscutablement sa dimension artistique, et pas seulement musicale, plus que politique, qui reste en mémoire un quart de siècle après sa naissance, puis presque instantanément déclaré "dead", puis "not dead" dans la foulée. Mouvement sincère ou dévoyé, cri nécessaire ou rébellion feinte aux accents de phénomène de mode, courant musical mineur ou terreau fondateur d'une scène incontournable ? Laissez tomber les conneries comme ils disaient, on s'en fout, et inutile de théoriser. Lorsqu’elles ne s’exercent pas à nos dépends, les grandes escroqueries se dégustent en général l’œil amusé, admiratif devant le culot déployé, un brin moqueur à l’endroit des victimes bernées. Si son humour est plutôt acide, La grande escroquerie de Duval et Quet ajoute en plus une photographie d'un passé très récent qui lui donne une dimension supplémentaire.
À noter pour les collectionneurs : l'existence d'un dossier de presse au format livret de CD, inséré dans une pochette aux couleurs de la BD, accompagné d'un disque de reprises de l'album "Never Mind the Bollocks, here's the Sex Pistols" par des groupes haut-normands (!)
Très déçu par la BD , que dire des dessins il est impossible de reconnaître les personnages et que des tètes comme par exemple la reine et les Sex Pistols par exemple , quand au scénario on est perdu par les aller retour incessants , on nage dans la Tamise , à eviter
Ce n'est pas le meilleur de la collection : c'est certain. Cependant, ce n'est pas non plus le pire ! Il y a des défauts qui sont certes incontestables. Le scénario est par exemple tarabiscoté si bien qu'on a du mal à suivre dans cet enchevêtrement de personnages divers.
Les allers-retour temporels gâchent vraiment le plaisir ainsi que la fluidité de ce récit.
On ne mesure pas réellement l'enjeu du casse : je crois savoir d'après mon interprétation tout à fait subjective qu'il s'agit de voler de grosses quantités de drogues à des parrains de la French Connection sur les docks de Londres à l'occasion des cérémonies du jubilé du couronnement de la Reine et d'un concert rock des Sexpistols : rien que cela ! Je tiens tout de suite à préciser que nous sommes bien dans l'ère qui est un peu antérieure à l'élection de Margaret Tchatcher au poste de Premier Ministre.
Pour les points positifs, on retiendra qu'il y a bien une ambiance très seventies ancrée dans les moeurs. C'est la période des mouvements punks et de la grave crise économique liée au deux chocs pétroliers avec ses millions de chômeurs. On sent poindre une violente critique politique face à la montée de la violence. On comprend surtout ce qui a motivé les anglais à revenir au conservatisme et à casser les syndicats. J'ai bien aimé l'effet boomerang qui se retourne contre le chef de la police fluviale. Nul n'est à l'abri du danger qui guette alors il ne faut pas juger trop hâtivement.
En tout cas, c'est la première fois que je vois brosser un portrait d'une Angleterre d'une période trouble que nous avons déjà un peu oubliée. Cet aspect historique va sauver la bd d'un naufrage programmé.
Pas la meilleure de la série, graphisme pas au niveau à mon goût. Le scénario est un peu tiré par les cheveux. Déçu...
Un dessin réussi et un background sympa, original et pas si artificiel qu'on pourrait le penser au départ, ne masque pas un défaut assez gênant a mon sens ! L’histoire aurait mérité de trouver un peu d'air dans un deuxième tome, au lieu de cela elle se retrouve à l'étroit dans un 54 planches. Résultat, une histoire qui va à toute vitesse, des séquences tellement denses qu'on ne sait plus qui est qui et qui fait quoi...bref on se paume totalement entre les nombreux personnages et on ferme la BD avec ce constat : "bon ben je vais devoir la relire pour tout capter !!!" C'est dommage, surtout que l'idée de base était plutôt bien trouvé...
Pour l'instant, "Le Casse" le moins réussi à mon goût...
Londres 1977, sur fond de concert punk, les berges de la Tamise vont être le théâtre d’un braquage qui verra 367 kg d’héroïne pure et les avoirs de la French connection changer brutalement et mystérieusement de mains…
Fred Duval nous distille un scénario superbement découpé dans lequel les séquences s’enchaînent sans temps mort et dans une logique qui ne doit rien au hasard : un album écrit comme un film !
Coté dessin, Christophe Quet sait parfaitement adapter son graphisme. Sec, nerveux, voire agressif, il peut également évoluer vers plus de réaliste.
In fine, un album (très) bien fait qui devrait marquer la série.
Plutôt déçu par cet album.
Les dessins sont moins bons que dans les 3 premiers tomes.
Le scénario est brouillon, on passe plus du temps avec les sex pistols qu'avec les braqueurs. La fin est baclée et sans interêt.
A oublier.
5/10.
L'escroquerie c'est cet album ! J'ai adoré les 3 premiers volumes sans restrictions avec une préférence pour le second mais alors le 4ème ! Quelle déception ! Le graphisme on aime ou on aime pas mais le scénario c'est plus génant ! Je me suis ennuyé et forcé à tout lire !
"La grande escroquerie" offre l'avantage de placer l'action en Angleterre lors d'une période encore très riche artistiquement bien que sur le déclin. Le jubilé de la Reine et le concert des Sex Pistols servent ainsi de toile de fond à une intrigue implacable et sanglante. Le scénario costaud se développe efficacement comme une partition dont les mesures et les portées sont autant de dessins et de planches réalisés avec brio. Un grand concert violent dont la dernière note résonne comme un requiem. Une belle réussite qui se lit d'un seul trait !