Marie des dragons 2. Vengeances

A ujourd'hui n'est pas un jour ordinaire pour la petite Marie. Comme tous les habitants du village l'ont fait à son âge, elle doit passer la nuit en forêt et, le jour venu, en rapporter le coeur d'un animal qu'elle aura occis de ses propres mains. Alors qu'elle revient victorieuse au point du jour, elle découvre, en lieu et place de la joyeuse bourgade qu'elle pensait retrouver, les traces d'un véritable massacre : maisons pillées, hommes et femmes passés de vie à trépas. Quant aux survivants, ils ont de toute évidence été enlevés et réduits en esclavage. Seule, orpheline, Marie est jetée sur les routes de l'Empire de France.

Plus tard, devenue mercenaire de grande réputation, elle sillonne les chemins en compagnie de William, son frère d'armes, et tâche non seulement de se venger de ceux qui ont détruit sa vie, mais aussi de comprendre les étranges pouvoirs qui semblent l'habiter, et qui se manifestent par des visions d'un autre monde.

La trame pour le moins classique du premier tome s'accompagnait fort heureusement de personnages dont le parcours se suit avec intérêt, dans un univers qui, lui, est d'une grande originalité. Porté par un dessin de bonne facture, une narration qui fait la part belle aux scènes contemplatives et une mise en couleurs à l'opposé des teintes criardes qui prévalent généralement en Heroic Fantasy, le récit se donne volontiers des airs de bande dessinée historique. Le duo Ange, aux commandes de cette nouvelle série des éditions Soleil, surprend ainsi par une aventure ancrée dans la réalité, même si cette réalité n'est pas la nôtre. Relevant d'une construction intelligente et suivant un rythme très mesuré, qui prend le temps d'installer des ambiances et de dévoiler des intérêts cachés, le scénario puise allégrement dans l'Histoire du monde réel pour façonner celui de Marie. De quoi assurer une crédibilité sans faille.

Le deuxième volume poursuit sur cette lancée et, même si les révélations ne sont peut-être pas aussi nombreuses qu'escompté, les pages se tournent sans que jamais l'attention ne faiblisse. Les protagonistes évoluent et, surtout, l'univers continue à fasciner par ses multiples ramifications. Et comme le dessin de Thierry Démarez, soutenu par la colorisation très classieuse de Nicolas Bastide, n'a jamais été aussi bon que sur cette série, le résultat vaut son pesant d'or. Une bénédiction pour l'amateur d'Heroic Fantasy qui, comme c'est trop rarement le cas, découvre un récit qui assume parfaitement son côté violent et finalement très sérieux. La qualité d'écriture fait le reste.

Puissent les auteurs maintenir un tel niveau d'exigence jusqu'à l'ultime tome...