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ous un ciel menaçant, deux jeunes garçons jouent au football lorsque l’un deux envoie le ballon au-dessus de l’enceinte d’un endroit laissé à l’abandon. Malgré la peur, l’un des enfants prend son courage à deux mains et part à la recherche du précieux bien. En fouillant les lieux, il aperçoit soudain un visage dissimulé dans l’obscurité. Terrorisé, il prend la fuite et croise un homme encore plus effrayant que le fantôme aperçu dans la maison délabrée.
En pleine consultation, une jeune femme fait part des derniers symptômes inquiétants de sa maladie. En plus de ses troubles de la mémoire, chaque matin, au réveil, elle affirme cracher du sang. Le médecin est pourtant formel : elle ne souffre d’aucune pathologie, tout est dans la tête …
En publiant ce récit fantastique asiatique, la collection Mirages des éditions Delcourt s’enrichit d’un manwha surprenant et d’un auteur coréen fort talentueux. Le titre, très évocateur, laisse présager d’un univers assez particulier. Faisant référence à un monde situé entre la vie et la mort, Sheol emmène le lecteur là où séjournent ceux qui ne disparaissent pas en mourant. Plongé dans cet abîme d’horreur et de fantastique, ce dernier avance à tâtons, à la recherche de repères, essayant désespérément de trouver les clés de l’intrigue. Tout en remontant lentement à l’origine de cette tragédie humaine, le récit demeure extrêmement confus et ne livre ses secrets qu’en fin d’album et de manière trop abrupte. En voulant préserver le suspense à tout prix, l’auteur a sans doute oublier de parsemer ses quelques indices qui permettent une lecture plus participative et moins frustrante.
Si le scénario manque de maîtrise, le graphisme de Dogado est par contre particulièrement abouti. Derrière cette superbe couverture pleine de douceur, l’auteur dissimule une œuvre pourtant sombre et oppressante. Utilisant des contrastes judicieux et des tons subtils, il place son dessin au diapason d’une atmosphère lugubre et dramatique. Les cadrages très travaillés, la composition élégante et aérée des planches et le manque de dialogues accentuent encore un peu plus l’aspect essentiellement visuel de cet ouvrage qui se lit du coup assez vite.
Un one-shot au scénario déconcertant et au graphisme ensorcelant, pour une balade au royaume des morts qui devrait surtout plaire aux amateurs de fantastique.
Le shéol est un terme hébraïque qui désigne le séjour des morts sans qu'on puisse statuer s'il s'agit ou non d'un au-delà. Ce récit se place donc sur le terrain de cette croyance issue de l'Antiquité. Pourtant, on a affaire à un conte asiatique (plus précisément coréen) où il est question de culpabilité.
Si cet ouvrage demeure une belle réussite graphique, le scénario manque un peu de piquant. La collection ''Mirages'' sur les récits plutôt intimistes nous avait habitués à mieux. Le lecteur était sensé se plonger dans une angoisse la plus totale mais il y a trop de ficelles faciles et visibles à cinq mètres notamment la conclusion de l'intrigue ...
Cela rappelle certes un peu l'ambiance du film The ring dans sa version asiatique avec ses cadrages cinématographiques. Cependant, cela se laisse lire trop rapidement pour qu'on puisse apprécier pleinement.