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ules, âgé d’une dizaine d’années, partage ses vacances entre écriture et exploration d’une île située sur la Loire, près de Nantes. Accompagné de sa cousine Caroline et de son petit frère Paul, et inspiré par les récits rocambolesques de son oncle, il explore « l’île de Robinson » à la recherche d’aventures et de frissons. Alors que le dernier jeu en date consiste à collecter des cailloux magiques censés influencer le destin, le jeune romancier croit tomber nez-à-nez avec le fantôme de Crusoé. Les trois enfants fuient, paniqués, se réfugier dans la maison familiale avec, en poche, les fameuses pierres. La nuit suivante, Anna, la petite sœur de Jules, tombe malade. Celui-ci fait le rapprochement avec les pierres et, convaincu d’être responsable de la malédiction, retourne seul sur l’île afin de tenter d’annuler le sortilège. Alors que ses tentatives restent infructueuses et que le désespoir le gagne, « Cruzoé » fait à nouveau son apparition. Il s’agit en fait du fantôme d’un bagnard qui lui explique que la solution consiste à passer sous un dolmen « en ouvrant les portes de son cœur ». Jules s’exécute et se trouve projeté à l’âge adulte...
Le simple nom de Jules Verne évoque immédiatement ses œuvres les plus célèbres, telles que Vingt mille lieues sous les mers, Le Tour du monde en quatre-vingts jours ou encore Voyage au centre de la Terre. Ici cependant, il n’est point question du Capitaine Némo, de Phileas Fogg ou de volcan en Islande. Les auteurs espagnols Jorge García et Pedro Rodriguez ont su faire preuve d’originalité et se sont employés à développer l’intrigue pendant la jeunesse même de l’écrivain, restituant chronologiquement et géographiquement sa véritable enfance, en y apportant une bonne dose de mystère. Ils concilient ainsi habilement, aventure fantastique, paysages des Pays de la Loire et personnages authentiques tels que les membres de sa famille proche.
Le dessin de Pedro Rodriguez, fortement encré et ombré, évoque celui de Brüno ( Junk) qui, comme lui, n’a pas son pareil pour représenter les protagonistes en quelques traits caricaturaux. Précis, il va jusqu’à conserver les principales lignes du visage du vrai Jules, enfant. Et c’est en utilisant une colorisation aux tons sépia, qu’il créé une ambiance réaliste, historique tout en laissant la possibilité, par des détails dans le paysage par exemple, de basculer dans le surnaturel.
Une courte anecdote en fin d’album, se déroulant quelques jours après l’histoire et intitulée Une bien étrange aventure, vient compléter la lecture. Jules Verne y conte sa rencontre avec deux étranges personnages voyageant à travers le temps à la recherche de documentations sur son époque. Ce supplément, pour le moins intrigant, qui met en scène les auteurs eux-mêmes, ajoute à la richesse de l’univers développé et fait de La porte entre les mondes, le premier tome d’une série prometteuse.
Intrigué, surpris et content de ne pas avoir inutilement acheté cet album. Ce sont les trois adjectifs que je retire après lecture de cet album. C'est toujours difficile de réécrire un mythe tel celui de Jules Verne et pourtant le scénario ne nous entraine pas dans des clichés, que du contraire, la fin nous donne faim pour la suite, et l'album a son lot de rebondissements et d'intrigues. Côté dessin, c'est sûr qu'il faut aimer mais moi j'ai aimé, ça change de ce qu'on a l'habitude de voir.