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ravaillant comme barmaid dans un hôtel lors des vacances d'été, Yuzuru est confrontée à un groupe de garçons qui refusent de payer leurs consommations. Face à son insistance, l’un d’eux, Kai, l'entraîne dans une chambre, où il lui plante une boucle dans l'oreille après l'avoir harcelée. Plus tard, lors de sa rentrée au lycée Hojo, la jeune fille apprend que le bijou, dont elle n’a pas pu se débarrasser, la désigne comme la servante d'un des riches fils de bonne famille de la section Kuge. Malheureusement pour elle, Yuzuru est tombée sur Kai, le pire d’entre eux qui renvoie sans cesse ses « honey », les humilie et les avilit selon son bon plaisir. Refusant ce système, l’adolescente, forcée de plier devant les exigences de son "maître", entend bien s’affranchir de ce joug. Mais rien n'est plus difficile, surtout lorsque les sentiments s'en mêlent...
Avertissement « pour public averti » et mention « shôjo manga » font un drôle de ménage dans ce premier volume d’Honey x Honey. En effet, se basant sur la relation assez singulière entretenue par Kai et Yuzuru, l’histoire tente de jouer l’originalité en mettant en scène un ténébreux – classique – qui manipule et harcèle sans fin une héroïne qui a son petit caractère mais qui se laisse faire – également déjà-vu - et ne tarde pas à voir son cœur battre la chamade pour son tortionnaire. C’est là que le bât blesse, car, en voulant s’extraire de sentiers trop battus, Kanan Minami livre ici un récit peu crédible, versant dangereusement dans la perversité. Difficile de rester de marbre en voyant un gars plein de morgue, qui d’attouchements en caresses non désirées, se place tout de même constamment à la limite du viol. On lui redresserait volontiers les bretelles. Difficile aussi de s'identifier à une adolescente pimpante qui trouve les sévices de son tortionnaire inacceptables, tout en s’étonnant d’y trouver du plaisir, voire d’en jouir. Syndrome de Stockholm, peut-être, mais voilà une drôle de façon, racoleuse et pas très saine, d’offrir du rêve à un public d’adolescentes… Quant au reste de l’intrigue, il est loin de convaincre et se résume à une rivalité entre fils à papa, avec compétition, duels et coups bas au programme, lorsqu’il ne s’agit pas de boire le thé ensemble ou de se faire les yeux doux entre « honey » et maîtres. Un peu court donc, même si certains des protagonistes ne manquent pas d’être sympathiques. Côté dessin, le trait léger de la mangaka s'inscrit parfaitement dans la lignée de nombreux shôjo. Stéréotypé dans les attitudes, les allures et jusque dans le caractère des personnages, il n'en reste pas moins assez plaisant.
Un ouvrage vite lu et vite oublié, qui n'intéressera que les damoiselles en mal de voyeurisme et de liaisons sirupeuses alambiquées...
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