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rois amis adolescents, Josh, Gordon et Cody, ont tous une chose en commun. Depuis quelques mois, leurs pères respectifs sont absents. Ils sont en Irak, à la guerre. À la maison, l’ambiance est lourde, aux problèmes de tous les jours, vient s’ajouter l’angoisse de ne pas avoir de nouvelles et – surtout – la peur d’en recevoir une mauvaise. Cette année, le temps semble infiniment long.
Comme toutes les guerres, l’invasion de l’Irak par les USA a engendré une multitude de tragédies : les violences du champ de bataille et les diverses exactions de chaque camp. Loin du front, souvent cachées et, au moins aussi graves que toutes les destructions matérielles, une multitude de souffrances endurées par les civils fait également des ravages. Sous la bannière étoilée est une adaptation d’une nouvelle de Benjamin Percy, un des écrivains américains les plus en vue. Le scénariste-adaptateur, James Ponsoldt, a très bien su retranscrire le style presque brutal du texte original. La traduction française, parfois maladroite, n’est, malheureusement, pas toujours à la hauteur des propos.
Le récit, se déroulant dans une petite ville perdue de l’Orégon, se situe à des années lumières d’Hollywood. Ici, point de strass et de clinquant, la vie est simple mais heureuse, enfin, était heureuse comme le témoignent les albums de famille. Comme le reste des résidents, les trois personnages principaux semblent meubler leurs existences plutôt que de vraiment la vivre. Ils ne s’ennuient pas, il y a les filles, un peu de chasse et les virées en moto. En fait, sous ces faux-semblants d’une vie normale, se terrent la peur et l’angoisse. Le scénario, constitué d’une mosaïque d’anecdotes, fonctionne parfaitement. Cette structure narrative donne le pas à la lecture. Les jours, les semaines et les mois passent inlassablement. Simultanément, tous ces instants sont rythmés par les passages obligés et obsessionnels à l’ordinateur, dans l’espoir de recevoir un rare courriel de là-bas. Au-delà des aventures des trois protagonistes, c’est toute la société américaine que Percy passe en revue. Le constat est sévère et montré sans gants.
Oscillant entre beaux-arts et BD, Danica Novgorodoff illustre cette histoire avec un style qui n’est pas sans rappeler celui de Rutu Modan (Exit Wounds). Presque naïf, son trait se concentre sur l’essentiel, faire passer ce délicat mélange de tension et d’émotion. De ce point le résultat est particulièrement réussis, peut-être au prix d’une recherche graphique plus poussée. En effet, l’habillage du récit, comme certains décors par exemple, restent passablement simplifiés. Heureusement, la dessinatrice est très bien soutenue par la coloriste, Hylary Sycamore. La mise en couleur, très variée, habille et embellit ce coin des USA d’une façon très naturelle.
Histoire grave, racontée sans fard, Sous la bannière étoilée offre une vision d’un pays en guerre des plus originales.
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Le site de Benjamin Percy (en anglais)
Le site internet de Danica Novgorodoff (en anglais)
Je n'ai absolument pas été emballé par cette lecture qui traite des enfants restés au pays pendant que leur pères se battaient en Irak durant la guerre du Golfe. Il n'y avait absolument rien de touchant dans cette lecture ce qui aurait dû être normalement le cas. Pourquoi ? Parce que l'émotion de la situation ne passe pas !
On assiste aux élucubrations stériles de trois amis adolescents qui veulent s'endurcir. On ne s'attache pas à eux et leur sort nous semble indifférent. Le drame n'est absolument pas traité avec intelligence. Il n'y a rien qui fonctionne entre l'angoisse rampante et le silence des non-dits.
Et dire qu'une adaptation de ce récit est prévue au cinéma. Il faudra un peu plus de punch pour toucher le public...