Les pirates de Barataria 2. Carthagène

Q uel est donc le secret d’Artémis Delambre ? Exilée en Louisiane en compagnie de son imposant garde du corps, la jeune fille est recueillie par les frères Lafitte, trafiquants d’esclaves. Elle est rapidement repérée par deux espions, l’un anglais, l’autre prussien, alliés de circonstances qui la traquent à travers les bayous. Obligée de fuir à nouveau, elle est conduite par ses protecteurs à Barataria, une minuscule province indépendante obéissant à ses propres lois. Là, elle apprend à devenir une parfaite corsaire pendant que les États-Unis déclarent la guerre à l’Angleterre, en 1812.

Le second tome s’ouvre sur une rencontre, celle d’Artémis et de Roustam, laissant espérer une révélation sur son fameux secret qui l’a poussée à quitter la France. De ce point de vue, il faudra encore patienter et se contenter d’un récit fort bien mené. Intrigues, espionnage, batailles navales, un cocktail classique mais parfaitement maîtrisé par Marc Bourgne, repreneur du célèbre Barbe Rouge de Jean-Michel Charlier entre 1999 et 2004, qui n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine de la flibuste. L’érotisme latent, parfois un peu trop insistant, n’était sans doute pas absolument nécessaire, mais il apporte une note exotique et sensuelle incarnée par le personnage de Catherine, très réussi.

Au dessin, Franck Bonnet réalise un travail remarquable. Son trait réaliste prend toute sa force dans les décors, qu’il s’agisse de tavernes glauques et mal fréquentées, de luxueuses maisons coloniales ou de vaisseaux maritimes, mis en valeur dans une scène de combat naval, point d’orgue de l’album. Il faut juste regretter certains visages assez changeant d’une case à l’autre et quelques expressions parfois figées qui ont du mal à laisser transparaître les sentiments.

La suite et fin du cycle devrait voir le jour en novembre 2010. Une aubaine pour les amateurs de séries courtes, en espérant seulement que les révélations tant attendues ne soient pas jetées pêle-mêle dans un ultime tome. D’autant que les deux premiers constituent un récit, classique certes, mais de très bonne qualité.