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uite au décès de leur maître bâtisseur, messire Bertran d'Eyglière et sa sœur Blanche accueillent son remplaçant inattendu, Margot Saint-Benoît. Celle-ci se montre vite des plus compétentes et reprend en main les travaux de l’abbaye, bâtie dans un style novateur qui ne plaît pas à tous. Mais, malgré ses efforts, Margot, hantée par des visions d'horreur, reste une étrangère. Pire, elle est soupçonnée d'avoir le mauvais œil parce qu'elle fréquente un peu trop Jehanne, une adolescente qu'on dit possédée. Les choses empirent encore quand, un matin, les ouvriers découvrent l’un des leurs atrocement assassiné. Margot découvre bientôt que cet homme n’est que la énième victime dans une longue liste de meurtres ayant également emporté son prédécesseur. Aidée par Jehanne, la jeune femme décide de faire la lumière sur cette affaire. Peut-être pourra-t-elle aussi sauver le benêt innocent que l'ambitieux prélat local voit comme un coupable idéal.
Le Moyen-Âge à l’époque des Croisades et de la naissance du style gothique, des personnages aux intentions peu claires et jouant sur plusieurs tableaux, d’étranges rendez-vous dans les bois, des morts inexpliquées aux relents de soufre ainsi qu’une héroïne qui n’a pas froid aux yeux. Le premier tome du Sang des bâtisseurs, nouveau diptyque signé Michael Le Galli (Le cercle d’Akamoth, Les démons de Marie, Sept, Watch) et Marie Jaffredo (Les Démons de Marie, Et si…), comporte tous les éléments nécessaires à développer un de ces polars sur toile de fond historique et teintés d’une légère dose de fantastique, propre à faire frissonner.
Le récit commence d'ailleurs sans préambule, par une scène de mise à mort, très cinématographique, qui contraste fortement avec la suite immédiate, d’apparence plus tranquille. Cependant, les évènements ne tardent pas à replonger le lecteur dans une ambiance inquiétante, entre les mirages qui obsèdent Margot et l’évêque, les accidents fortuits, le comportement louche de certains protagonistes, les mensonges de Bertrand, les allusions de Blanche et la survenue d’un assassinat macabre. Le calme hivernal qui semblait régner à Eyglière tourne alors vite à l’agitation, comme à la défiance. Le village devient ainsi le théâtre d’un huis clos, où chacun cache au mieux ce qu’il sait pour mieux dérouter la charmante bâtisseuse. Bien rythmé, le scénario se déroule sans à-coup, dévoilant quelques pistes, politiques, religieuses et autres, tout en ménageant la curiosité et le suspens, si bien que la dernière page tournée, le mystère des meurtres reste entier. L’ensemble est donc bien mené par Michael le Galli qui maîtrise parfaitement sa narration. En revanche, l’appartenance de Margot au sexe féminin aurait pu être un peu plus exploitée dans ce premier volet. Évoquée comme une originalité assez forte en début d’album, cette singularité passe ensuite à la trappe, comme si cela n’avait finalement qu’une moindre importance.
S’aidant d’un dessin au trait léger et simple, ainsi que d’un découpage clair et d’une grande lisibilité, Marie Jaffredo s’attache à rendre au mieux le récit. Visuellement, malgré un certain statisme, son graphisme s’avère plutôt plaisant et transcrit bien l’ambiance propre aux différents passages. La quiétude d’une scène au coin du feu cède ainsi la place à une autre située dans un bois sombre ou à des vues vertigineuses du chantier, quand ce ne sont pas des corps mutilés et ensanglantés qui s’exhibent dans des teintes blafardes sur fond noir. De façon générale, la mise en couleurs à l’aquarelle reflète, elle aussi, bien le climat qui règne à Eyglière. Pourtant, si la palette choisie, assez froide, respecte bien le contexte hivernal de l’aventure, elle manque d’intensité et confère un cachet un peu trop ancien aux illustrations.
En dépit de quelques défauts, ce premier volet du Sang des bâtisseurs se révèle de bonne facture et promet une suite pleine d'intérêt.
>>> voir le site de Marie Jaffredo
Je n'ai pas beaucoup aimé. Les dessins pas très précis, les personnages vraiment moches, on dirait des gribouillages d'un enfant de primaire. Les postures « fausses » Quant à l'histoire, une sorte de remake du nom de la rose, mais en beaucoup moins bien. On sent bien l'envie de mettre en avant « les bâtisseurs des édifices religieux de l'époque », mais c'est raté.
une bonne intrigue , un bon travail de documentation , des dessins de qualité , un bon polar médiéval digne du nom de la rose , pour amateurs du genre , je le conseille vivement