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Le dernier des Mohicans (Cromwell) Le dernier des Mohicans

31/05/2010 19050 visiteurs 8.0/10 (4 notes)

1757, Français et Anglais se disputent l’appropriation des territoires indiens. Au cœur de cette guerre, un jeune officier est chargé de conduire les filles du colonel Munro jusqu’à leur père. Sur la route vers le fort William Henry, les deux sœurs et leur escorte sont victimes d’une embuscade et ne doivent leur salut qu’à l’intervention de trois hommes : Œil-de-Faucon, le chasseur blanc élevé par les indiens, et ses deux amis mohicans, le chef Chingachgook et son fils Uncas.

Après l’inauguration réussie de cette collection Noctambule des éditions Soleil par le superbe A Bord de l’étoile Matutine de Riff Reb’s, basé sur l’œuvre éponyme de Pierre Mac Orlan, c’est à présent au tour de Cromwell de proposer une nouvelle passerelle entre les romans et la bande dessinée. Assisté par Catmalou, l’auteur choisit de rendre hommage au célèbre roman de James Fenimore Cooper.

De par ses nombreuses adaptations au septième ou au neuvième art, l’histoire du dernier des mohicans est connue de tous et propose une immersion en pleine guerre de Sept Ans. Hurons, Mohicans, Iroquois et Ottawa sont les victimes indirectes de ces rivalités franco-anglaises et de ce conflit importé en leurs terres qui scelle lentement le destin de tout un peuple. Découpé en trois actes et en plusieurs chapitres consacrés aux personnages charismatiques de cette aventure, cette libre adaptation de Cromwell distille les moments forts de l’œuvre de Cooper. C’est l’errance du corps de John Greenwood, soldat anglais chargé de transmettre une missive aux filles de Munro et au général Webb, qui sert de fil rouge à ce récit rythmé par une voix-off qui gagne en importance au moment où le nombre de pages (dé)limité de l’album semble rappeler les auteurs à l’ordre. Mais, malgré ce changement de cadence ponctué d’une fin magistrale et une version condensée de l’histoire originelle qui pourrait déstabiliser les néophytes, le graphisme somptueux de ce one-shot ne manquera pas de séduire.

Avec des allures de livre d’illustrations, ce roman très graphique propose des peintures de toute beauté, qui restituent admirablement l’hostilité et la splendeur de ce territoire sauvage que se disputent Anglais et Français. Des tableaux qui laissent entrevoir les vestiges d’une civilisation ancienne qui s’est éteinte dans la barbarie et le sang. Au cœur de la forêt, tapies dans l’obscurité, des silhouettes prennent vie, tels des souvenirs lointains que l'on voudrait garder enfouis, mais dont l'intensité et la violence semblent difficile à contenir. Dans cet environnement très suggestif, l’auteur abandonne au lecteur le soin de combler les vides et de deviner des passages volontairement obscurcis par le temps. L’absence de blancs, que ce soit au niveau des phylactères ou des bords de pages, ne laisse d’ailleurs que très peu de choix au lecteur, qui se laisse immédiatement happer par la densité des sous-bois. Une ambiance menaçante et terriblement angoissante, accentuée par des tons sombres, qui renforcent encore le caractère oppressant de cet univers où le danger et la mort semblent guetter à tout moment.

Une adaptation personnelle et innovante, fidèle à l'œuvre originale et d’un esthétisme rare !

Par Y. Tilleuil
Moyenne des chroniqueurs
8.0

Informations sur l'album

Le dernier des Mohicans (Cromwell)
Le dernier des Mohicans

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L'avis des visiteurs

    Hugui Le 19/02/2012 à 20:20:43

    Une œuvre originale, avec ces dessins tableaux très sombres qui rendent bien l'ambiance angoissante de cette course à travers les forêts canadiennes. Mais c'est plus une histoire racontée par un texte illustrée, et encore, tout est très elliptique, ce sont plus des moments du roman qui sont mis en avant.
    Au total cela fait un ouvrage étrange, des dessins intéressants mais plus illustratifs que récitatifs, et une chronique pointilliste plus qu'une histoire.
    Un ouvrage très particulier qui laisse une impression mitigée, mais qui est certainement à lire.

    herve26 Le 18/12/2010 à 18:31:36

    Je repousse depuis plusieurs mois la lecture de cette bande-dessinée, (d'ailleurs est-ce encore une bande-dessinée?) pour deux raisons: l'une est que je suis devenu très méfiant sur la production "Soleil", l'autre est que j'évite les adaptations liitéraires.
    Je n'avais que de vagues souvenirs de ce roman.
    Pourtant, j'ai rapidement été happé dans l'histoire, même si parfois la multidude des personnages peut prêter à confusion. Les dessins de Cromwell sont superbes, bien que souvent très sombres , mais les pleines pages voire les doubles pages sont d'une grande beauté.
    Parfois, le texte l'emporte sur l'image et il faut revenir en arrière pour admirer le dessin, mais cet exercice de style est très plaisant.
    Par contre,j'ai été déçu par le format choisi par l'éditeur.
    Les dessins de Cromwell méritaient des planches grand format mais je gage que le tirage de luxe qui vient de sortir ,opportunément pour les fêtes de fin d'année, rattrapera cette lacune.
    A lire , et surtout à contempler.

    DixSept Le 30/11/2010 à 21:52:39

    Ouvrage atypique s’il en est, cette interprétation du "dernier des Mohicans" ne peut laisser indifférent.
    Il y a d’abord les tableaux de Cromwell, d’une puissance et d’une intensité rarement atteinte en BD. Ensuite, il y a l’agencement de ses peintures entre elles afin de leur donner un sens, un mouvement. Enfin, il y a les dialogues et la narration de Catmalou qui font de cet ouvrage une véritable histoire, une œuvre définitivement à part où ce qui est imaginé a autant d’importance que ce qui est regardé (lu !).
    Un album à l’esthétique et à la singularité déconcertantes.
    A lire sans hésitation...

    monsieur burp Le 29/06/2010 à 20:09:07

    Difficile de faire une bd sur un scénario tiré d'un grand roman historique.

    Le premier parti pris de l'auteur est d'abord l'esthétisme. C'est magnifique. C'est un musée à chaque page. Des tableaux avec de la vraie peinture. C'est "grand" et très bien fait. Ce style de peinture traduit bien le coté tragique de la bd. Toutes ces couleurs traduisent cette tragédie. C'est sombre, peu de vue "grand angle". Une simple lecture intimiste dans cet univers violent.
    Oui! d'accord elle se lit vite cette bd et les personnages apparaissent et disparaissent trop vites. Mais ce spectacle visuelle avec ces couleurs nous étonne, nous attire, nous envoute.
    Oui! nous envoute. Nous sommes dans cette bd, au cœur même de ce conflit.
    J'ai réussit à me prendre pour un Magua de papier...

    Plaisir absolu.

    madlosa Le 07/06/2010 à 13:44:15

    Voilà une œuvre qui associe magistralement la peinture et la BD. Cette fresque nous emmène dans l'univers du fameux roman de James COOPER par une adaptation libre et poétique. Bien que les personnages ne soient que survolés, leurs silhouettes, leurs comportement sont autant de références précises au roman. Les planches sont magnifiques et la vie comme la mort font partie de ce voyage qui n'a rien heureusement d'un énième western... Superbe !!!