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ne journée qui débute ou se conclut comme une autre : dans le métro. Et soudain, une vision qui éclaire des souvenirs. Grimace. Quand le présent n’a rien de folichon, se remémorer de lointaines et heureuses vacances à l’âge de tous les possibles peut être douloureux. Long flash-back. Mathieu, encore sous la coupe de ses parents est dans la caravane familiale, Greg et Franck dans une tente à côté et Marine et Amélie dans une autre un peu plus éloignée. Ils ne se connaissent pas, mais ça ne va pas tarder.
Une fois le métro quitté, l’histoire, le ton, la thématique, le dessin et les couleurs deviennent d’une légèreté absolue. Dieu que c’est agréable ! Juste ce qu’il faut de guimauve pour une parenthèse de vacances adolescentes. Ils sont jeunes, ont des petits soucis tout ce qu’il y a de plus classique (surcharge pondérale, un amour éloigné, un cordon ombilical pas encore totalement coupé...), et, pour l’heure, la mer et le soleil comme principal horizon. Un parfum d’insouciance s’impose. Nicoby sait illustrer cet âge (Les ensembles contraires) et des récits joyeux (Chronique layette). Et la fin ? Quelle fin !
Certes, elle est déconcertante et devrait en laisser plus d’un pantois. De fait, elle ne manquera pas d’alimenter les discussions dans le cercle des amateurs de bande dessinée. Pour autant, il serait faux de prétendre qu’elle pèche par facilité, ce qui est le cas d’une conclusion qui explique tout ce qui a précédé d’un coup de baguette magique. Ici, l’auteur s’en tient à du factuel et, à la limite, peu importent ses motivations, ça fait partie de la vie. Rétrospectivement, c’est assez habilement amené.
Ce récit de vacances m'a un peu boulversé car cela nous emmène vers une fin que l'on imaginait pas vraiment. J'avais espéré un lien avec la scène introductive sensée se dérouler des années après les faits estivaux. C'est toute l'adolescence qui est évoquée à travers un camping en bord de mer et les premiers émois amoureux.
On a envie que cela continue mais cela ne sera pas le cas. Et puis, il y a cette dimension nostalgique qui nous prend les tripes. Cette faculté qu'ont les jeunes à se rassembler pour passer du temps ensemble à rigoler ou tout simplement à vivre. Puis, on grandit et on perd de cette spontanéité et de cette insouciance pour se retrancher derrière son travail ou sa famille. Retrouver une amie d'adolescence où l'on était aussi proche à l'époque est chose impossible à l'image de cette porte de métro parisien qui se referme derrière un trentenaire à savoir Mathieu.
On retiendra surtout qu'il ne vaut pas mieux prendre un bain de minuit. Cette fable moderne tendre n'est pas aussi légère que cela en a l'air.