U
n monde s’éteint. Le Margrave héréditaire le sait bien, confiné dans sa forteresse, assailli par les bandes sans foi ni loi d’Amanitiens dévorés par la haine, s’accrochant au protocole d’un autre temps. Pourtant, il envoie le colonel Pikkendorff et six cavaliers à la recherche d’informations et de son héritière bloquée quelque part du côté de Sépharée, donnant ainsi à ces hommes une ultime raison d’espérer et de vivre. Laissant derrière elle son prince déchu, la petite troupe s’enfonce dans le pays, évitant au mieux villes ravagées et édifices religieux profanés, et traverse des campagnes portant les stigmates d’horreurs innommables. Parvenus aux marches du royaume, Pikkendorff et sa patrouille doivent encore pénétrer dans les montagnes ancestrales des Tchétchènes, anciens adversaires soumis par la force. Là aussi, des traces de combats et la désertion des villages annoncent l'ombre d'un soulèvement. Les sept cavaliers sont plus que jamais isolés…
Adaptation du roman éponyme de Jean Raspail, Les sept cavaliers ouvrent au lecteur la porte d’une chevauchée désespérée au cœur d’un royaume en pleine déliquescence. Des notes crépusculaires et mélancoliques s’égrènent au fil d’un récit aux accents résolument épiques et dont le style narratif, à l’instar de certains éléments, évoque le Désert des Tartares de Dino Buzzati ou les romans de Joseph Kessel. Dès les premières pages, le rythme est posé, tandis que l’intrigue, sombre bien que portée par une mince étincelle d’espoir, se met en place, posant un décor qui s’affranchit de toute explication quant aux origines précises de la guerre civile qui a éclaté. Des pistes sont ainsi ébauchées, sans être vraiment fouillées, afin de conserver un caractère atemporel, à la fois éloigné et proche – un air de XIXe siècle finissant, d’Europe centrale ainsi que d’Angleterre -, aux lieux et aux personnages. L’état d’alerte permanente des membres de l’expédition aidant, l’histoire s’accompagne d’une attente inconfortable, comme si chaque rocher cachait de nouveaux venus aux intentions troubles, tel le commandant Alramane. Ponctuée de faits d’armes finalement peu glorieux, la survie passe avant l’épopée chevaleresque grandiloquente, la quête prend rapidement des allures de découverte dans un environnement souvent hostile et dépaysant.
Au service du texte, le dessin réaliste de Jacques Terpant (Pirates) campe avec précision et brio hommes et paysages. Le trait, peut-être un brin statique, souligne à l’envi la force fragile des cavaliers, soutenus par le décorum militaire, la fierté tranquille des peuples qu’ils rencontrent, la haine furieuse et butée des jeunes gens. L’expressivité des visages juvéniles, burinés ou vieillis ne le cède en rien à la beauté des décors, renforcée par une mise en couleurs directe jouant sur les lumières et un vaste panel de teintes. Néanmoins, des neiges bleutées aux falaises ocres du deuxième tome, en passant par les nuances grises et nocturnes de la cité margraviale et la steppe où souffle un vent printanier, la nostalgie et le son du glas assaillent le cœur des soldats comme celui du lecteur, l’un comme les autres nageant dans une atmosphère angoissante et assombrie.
Dotés d'un récit prenant et d'un graphisme réussi, les deux premiers albums de Sept Cavaliers invitent au voyage et donnent à espérer que le troisième et dernier opus sera d'aussi bonne facture.
Grosse déception que ce tome 2. Certes les dessins de paysage sont magnifiques et la couverture particulièrement réussie mais il m'en faut un peu plus pour considérer cette série comme une indispensable... Ce tome se déroule sans rebondissements particuliers, l'attitude violente et contestataire des enfants sur laquelle le tome 1 insistait est abandonnée dans ce tome et je ne vois pas trés bien où les auteurs veulent en venir.
Bref, je suis terriblement déçu par cette série dont j'avais lu tant de bien.
Il me reste à découvrir le dernier tome, en espérant avoir une réponse à mes interrogations multiples.
une couverture splendide,lu hier soir ,l'atmosphère installée merveilleusement dans le Tome un trouve ici une suite dans des paysages et des contextes bien différents,une quête qui j'en suis sur restera comme une série de fond de toute bibliothèque BD.