Ça débute sur un monologue dépressif, tortueux et verbeux, irrationnel pour autrui, qui trace son chemin vers les sommets qui précèdent la chute. L’ectoplasme qui va s’extraire de cette destinée écrasée va s’enticher d’un jeune à dreadlocks et l’hanter jusqu’à apparaître dans les volutes de fumées d’herbe qui rend nigaud. De cette relation émerge une succession de divagations sur la vie et la mort.
Comme de coutume dans cette série, sur un fond assez abstrait, Ptiluc aborde de manière savamment désorganisée la comédie humaine. Afin de la présenter sous son meilleur visage, l’humain est fait rat. Le décor, sublimé dès l’ouverture dans un réalisme à vomir (il convient de laisser au lecteur la surprise…), reste celui du terrain vague ; là-même où l’objet délaissé, comme touché par la Grâce, prend enfin vie dans sa lente agonie. Comme à chaque fois, l’auteur laisse libre cours à une imagination débordante pour imprégner son album d’une atmosphère portée par une mise en couleur qui sent le mauvais trip à plein nez. L’univers cauchemardesque et nauséeux qu’il est parvenu à créer fonctionne parfaitement et offre un potentiel phénoménal pour exploiter des idées graphiques plus tordues les unes que les autres. Le résultat fourmille de bonnes trouvailles. Tout n’est pas forcément intelligible, c’est parfois à la limite de la prise de tête, mais le fond de roulement reste celui qui constitue le berceau de Pacush blues : sordide et jubilatoire. Le texte offre ainsi de purs instants de grâce - Dieu sait que c’est bon !
Ce treizième tome est dans la droite lignée de ceux qui l’ont précédé, les aficionados y trouveront amplement leur compte, ceux qui y sont rétifs ne devraient pas plus accrocher à celui-là et les non initiés choisiront leur camp. Pacush blues n’a rien d’une œuvre consensuelle et tiède, bien au contraire.
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