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hitechapel 1888, une série de meurtres particulièrement atroces met Scotland Yard sur les dents. Faute de piste ou même d’indice, l’inspecteur Lestrade décide de faire appel au plus grand des détectives : Sherlock Holmes ! Qui, du génial limier ou du plus célèbre des Jack, sortira gagnant de cet affrontement sanguinaire ?
Un des plus grands héros de fiction et le plus légendaire des tueurs en séries, la tentation de faire se croiser ces deux contemporains est évidemment des plus tentantes. Le romancier britannique, Michael Dibdin fut le premier à concrétiser cette rencontre. L'ultime défi de Sherlock Holmes est transposé en BD par le duo Olivier Cotte/Jules Stromboni (Le Futuriste).
Dans son livre, Dibdin s’était réapproprié le détective et, au risque de froisser la communauté sherlockienne, avait proposé une histoire très sombre et torturée. L’adaptation d’Olivier Cotte suit à la lettre cette voie. L’ambiance est lourde, presque dense. Holmes, précis et infaillible, en devient presque hautain. Le Docteur Watson, malgré son rôle d’éternel second, offre une contrepartie des plus réussies. Il va se marier, doute de plus en plus sur l’état de santé de son ami et, peu à peu, s’accapare le rôle de l’enquêteur. L’histoire est prenante et très bien menée. Le troisième tiers du récit est peut-être un petit peu en retrait. Pour clore son album dans la limite des pages disponibles, le scénariste a été obligé de « comprimer » plusieurs éléments secondaires du texte original. Les relations entre Watson et sa future femme, par exemple, ne sont qu’effleurées.
S’attaquer à de tels mythes n’est guère aisé. Autant le criminel que le détective sont des figures qui ont été largement exploitées sous toutes les formes possibles. La nature très grand-guignolesque du récit a inspiré à Jules Stromboni une approche graphique « à l’ancienne ». Les couleurs, particulièrement, sont composées de trames très grossières qui rappellent les pulps des années 50. En complément de cette astuce technique, le dessinateur s’est également amusé à puiser dans les styles des illustrations de la littérature populaire du XIXème siècle. Plusieurs grandes compositions très réussies semblent sortir tout droit des œuvres de Dickens ou d’un numéro spécial « misère sociale » de L’Illustration. Ce mélange historico-stylistique, même s’il parait étrange, est des plus réussis. Le rendu de l’album est étouffant et glauque à souhait.
Relecture intéressante du mythe et traitement graphique original, pour son ultime défi, Sherlock a été parfaitement servi.
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La chronique du Futuriste par C. Constant
Beau, mais narration trop confuse...
En tant que grand fan de Sherlock Holmes (je dois avoir presque tout lu sur ses aventures, que ce soit dans les romans d'origine, ou dans ceux d'auteurs beaucoup plus récents), je me devais de lire cette nouvelle enquête dont je n'ai vu jusqu'à présent que des critiques plutôt très bonnes. Concernant mon goût pour les romans, je n'ai quasiment jamais été déçu, les auteurs ayant repris le personnage s'en étant toujours à mes yeux très bien tirés, en respectant l'univers à suspense de Conan Doyle.
Le premier constat sur cet ultime défi concerne l'édition et le graphisme proprement dit : c'est très beau. Cette édition au papier artificiellement vieilli et aux graphismes vieillots est du plus bel effet. Cela donne vraiment envie de lire.
Pour ce qui est de l'histoire, après une première moitié bien glauque avec une force montée en puissance, on arrive à une scène transitoire et l'apparition inopinée d'un personnage mythique de l'univers de Holmes qui rendent toute la seconde moitié d'une banalité à pleurer (j'ai deviné la fin et l'évolution des personnages à partir de ce moment, ce qui est un comble dans une aventure de Sherlock Holmes). Il y a de l'idée au final, mais la façon dont c'est raconté et/ou mis en image est complètement ratée, et vraiment à l'opposé (dans sa narration) de ce que l'on connait dans la plupart des romans. On dirait qu'il manque beaucoup de pages pour donner de la substance à la résolution de l'enquête : on a des successions de scènes sans réels liants qui plombent de manière magistrale l'intrigue.
Les connaisseurs (plutôt que fans) de Sherlock Holmes risquent donc de se prendre une belle douche froide à la lecture de cette adaptation. Je ne connais pas le roman d'origine (ça doit être un des rares que je n'ai pas lu), alors je n'ai malheureusement pas matière à comparer. Mais j'espère grandement que ce désastre est dû à l'adaptation en BD et des trop nombreuses ellipses qui en découlent (rendant l'histoire hachée et sans grand intérêt dans sa seconde partie).
Très, très bonne bd ! Surtout pour les passionnés de Holmes ! Cette confrontation inévitable entre un héros fictif & un tueur qui a réellement sévi se devait d'être imaginé !!! Je n'ai pas lu le roman de Dibdin mais le dessin de Stromboni avec cet effet vieilli complété par la mise en scène de Cotte... Tout simplement un régal !!!
Comme l'écrit mon prédécesseur (hervé26), le spectre de From Hell d'Alan Moore nous suit tout au long de cette oeuvre.
La fin, sans la dévoiler, reste peut-être un peu trop violente car elle peut casser un mythe mais elle n'en ait pas moins sidérante !!!!
Magistral! Étant une grande fan des histoires du célèbre détective, j'avais également laissé passé L'ultime défi de Sherlock Holmes le roman. Justement, le délice et la jouissance n'en fut que meilleure. La seule chose qui m'empêche de mettre une note parfaite est l'adaptation dudit roman qui même si je ne l'ai pas lu, doit transposer avec plus de détails certaines parties qui ici, demeurent maladroites.
Rien qui n'enlève au plaisir. Tout est présent: les planches vieillotes se rapportant à l'ère victorienne, un Holmes quelquefois arrogant, un Watson sympatique et loyal, un Whitechapel qui respire à plein la tragédie. On ne cesse de vouloir tourner les pages. On est rivés.
Le mythe des chûtes revisité.
Un chef-d'oeuvre pour les fans du duo le plus improbable que l'Angleterre a comme héritage fictif. Chapeau!
Grand admirateur de Sherlock Holmes, longtemps je me suis toujours méfié des reprises du personnage de Conan Doyle, pourtant le plus repris à la fois en littérature et au cinéma.
Quelques exceptions toutefois me viennent à l’esprit : « la vie privée de Sherlock Holmes » adapté par Billy Wilder au cinéma et « les exploits de Sherlock Holmes » par Adrian Conan Doyle et John Dickson Carr , recueil de nouvelles qui reprenaient les canons holmésiens.
Cette nouvelle aventure en bande dessinée est l’adaptation du roman de Dibbin, que je n’avais pas vu passer à l’époque .
Même si Sherlock Holmes redevient à la mode avec le film de Guy Ritchie et sa déclinaison en bd « Sherlock Holmes et les vampires de Londres» (que j’ai tout deux évité), je suis très rétif à ce regain d’intérêt. Seule la version originale de Luc Brunshwig et Cécil « Holmes » , m’a ,pour le moment, passionné.
Pourtant, dès que j’ai aperçu ce livre, j’ai tout de suite été séduit. Séduit par la forme – on croirait lire un journal du début du 20ème siècle avec utilisation d’un mauvais papier- et surtout par le fond. Quel scénario extraordinaire ! Mais j’y reviendrai.
Un seul et unique élément m’a fait pencher vers l’achat instinctif voire compulsif : Jeremy Brett, car le dessinateur a eu la brillante et heureuse idée de faire apparaitre Sherlock Holmes sous les traits d’un des meilleurs acteurs ayant interprété le célèbre détective à la télévision, Jeremy Brett, disparu trop tôt.
Du coup, j’ai l’impression d’entendre ses intonations et voir ses mimiques à chaque page. Un régal, vous dis-je. Si Billy Wilder avait certes quelque peu écorné le mythe du détective anglais dans « la vie privée de Sherlock Holmes », le scénariste revisite ici complètement les canons holmésiens avec cette adaptation de Jack l’Eventreur, tout en utilisant les aventures de Conan Doyle ( le dernier problème, Mycroft Holmes, les déguisements de Sherlock Holmes, les chutes de Méringen) et en distillant dans cet opus des titres d’aventures imaginaires que n’aurait certes pas renié Conan Doyle (« le club des molubdotémophiles « par exemple).
Bien sur, au fil des pages, on songe au «From Hell » d’Alan Moore dans la déambulation de Sherlock Holmes et du docteur Watson dans les rues de Whitechapel. Certes, le parti pris d’un dessin assez vieillot peu rebuter certains mais il ne faut pas s’arrêter à cela.
Un formidable pied de nez au mythe de Sherlock Holmes et qui ne peut que ravir les amateurs, tant l’esprit du scénario est fidèle aux autres aventures relatées par Watson, pardon par Sir Arthur Conan Doyle, qui d’ailleurs fait ici une apparition. Watson, dans la seconde partie de cet opus, prend une importance qu’il n’avait pas dans les aventures « classiques » ; mais ne prenez pas garde au quatrième de couverture qui annonce : « A la veille de sa mort, le docteur Watson, …. » cela peut vous induire en erreur.
J’ai pris un très grand plaisir à lire cette aventure qui tranche vraiment avec le mythe du héros imaginé par Conan Doyle.
Bref, je ne dirais qu’un mot : Jubilatoire.