« Fais-toi greffer de l’ambition ». L’ambition, est-ce la chose qui manque le plus à Zoé ? L’ambition, en plus, c’est probablement comme l’appétit, ça doit venir en mangeant. Pour l’heure, entre un boulot de potiche, oups d’hôtesse dans des salons divers et variés et un mec de type larve qui pète au lit, c’est pas la joie. Un besoin pressant et un inconnu reclus aperçu à une fenêtre pourraient bien changer les choses.
Après le succès de son blog porté par un talent certain à aligner les situations-gags qui claquent en une planche ou même un dessin et qui misent sur l’autodérision, Pénélope Bagieux franchit le pas du récit long avec aisance. Non pas que cette comédie sentimentale décorne les bœufs (ni même les cocus avérés ou imaginaires), mais parce qu’elle compose une histoire qui se lit toute seule. Elle est jeune, forcément jolie, l’esprit épargné par les questionnements superflus et flanquée d’un compagnon amorphe, sauf lorsqu’il s’agite sur elle. Quoique. Il se terre dans son appart’, a la parfaite tête de l’emploi d’écrivain mal rasé, crinière en friche, à la recherche de l’inspiration évaporée. Rencontre, rapprochement, et l’espoir renait avec la satisfaction d’avoir chacun trouvé ce qui leur manquait. Pour les excès de roucoulades on repassera ; pour la satire au vitriol ou le cynisme aussi d’ailleurs, même avec le recours à un soupçon de rivalité féminine pour simuler un triangle de circonstance. Cadavre exquis marche en effet sur le fil qui sépare l’angélisme du vice. Fil que chacun évalue à sa guise, fin au point de se glisser dans un chas ou large comme un boulevard.
Les 120 pages défilent, le style graphique s’affine, le choix des tons lui donne du corps. Cadavre exquis ne devrait pas susciter de grands éclats de rire, ni d’insondables états d’âme ou de profondes analyses au 36ème degré, mais un agréable moment passé à écouter une conteuse qui sait rendre léger ce qu’elle touche. Ce n’est pas la moindre de ses qualités.
Le dessin est pétillant, l'esprit est féministe, l'histoire amusante. Il ne faut pas prendre cette bd trop au sérieux, il n'y a pas beaucoup de logique (l'écrivain qui se prépare à recevoir une journaliste alors que...) et les personnages sont assez cliché (la jolie hôtesse illettrée, le boyfriend beauf). A lire comme on mange un bonbon, avec plaisir et rapidité.
Il est vrai que le statut d’hôtesse d’accueil dans les salons automobiles n’est guère enviable car ce personnel est sujet à des actes immoraux et douteux de la part de visiteurs machos se croyant tout permis. Il faudrait sans doute interdire ce genre de pratique car on vend une automobile et pas une femme livrée en pâture.
C’est vrai que notre héroïne Zoé n’a pas de chance car elle se coltine encore un chômeur au crâne rasé qui ne se bouge pas. C’est vraiment la totale ! Elle finira cependant par trouver l’amour en la personne d’un écrivain égocentrique qui ne pense qu’à sa gloire et sa renommée. Maintenant, je ne crois pas qu’on puisse laisser la porte des toilettes ouverte chez une personne qu’on ne connait pas car cela ne se fait pas.
J’avoue également ne pas avoir bien compris le basculement de notre héroïne pourtant un peu cruche qui trouve un accord assez avantageux avec sa rivale pour donner une bonne leçon à son amoureux. La rivale en question était pourtant la personne ayant eu la fameuse idée pour faire grimper le total des ventes. Là encore, on nagera dans l’immoralité.
Bref, les hommes vont encore en prendre pour leur grade. On pourrait également en avoir marre de ces œuvres féministes mais non, moi j’en redemande tant il y a encore beaucoup de travail à réaliser.
Le graphisme est assez plaisant. La lecture fut agréable. C’est vrai qu’il y a toute une série de maladresses mais qu’on pardonnera s’agissant d’une première œuvre aboutie. Il y a du potentiel chez l’auteure qui peut mieux faire. D’ailleurs, j’avais adoré La Page blanche scénarisé par Boulet.
Ce petit album est une merveille ! Je n'étais pas fan du style graphique en le feuilletant au départ, mais on s'y habitue très vite. J'ai beaucoup aimé le personnage principal, auquel je me suis immédiatement attachée. Notre héroïne est pleine d'humour et ses petites galères improbables et surprenantes sont divertissantes.
Selon moi, il ne faut pas s'attendre à un traité féministe ou à une aventure extraordinaire quand on commence cette histoire, au risque d'être déçu. Si cette bande-dessinée était un film, ce serait une gentille petite comédie américaine à regarder entre copines, sans prise de tête.
Satire acide du petit monde littéraire parisien vu depuis un appartement calfeutré...
C’est sans prétention, rigolo, léger, en mode "girl power". Et l’histoire est plutôt bien construite.
Pénélope Bagieu joue volontairement sur les clichés pour mieux les retourner : l’ex écrivain vedette bouffi d’égo mais doué quand même ; la belle écervelée dont l’ingénuité cache autre chose qu’une cruche inculte ; l’éditrice vénale, surfaite et suffisante qui dissimule ainsi ses fêlures... Derrière les grosses ficelles se dévoilent moult petits détails assez justes.
Ça se lit vite mais ça se relit très bien.
Le dessin de Pénélope Bagieux ne me plaît pas vraiment, mais l'histoire est agréable à lire, même si on voit arriver la fin gros comme une maison. C'est léger et il y a de l'humour. Ce n'est certes pas la bédé du siècle, mais ça se lit facilement et avec amusement.
Le récit part bien avec un ton léger et humoristique mais se perd un peu dans le n'importe quoi sur la fin et la conclusion, dommage. Néanmoins ça se laisse lire facilement.
Pas vraiment emballée. J'imagine que je m'attendais à retrouver la Pénélope du blog. Je me suis un peu ennuyée.