À douze ans, Natsume passe sa vie entre l’école – modérément -, le shopping avec les copines à Shibuya – beaucoup - et les séances photos de son travail de mannequin – énormément. Quitter Tokyo ? Impensable ! Pourtant, la voilà bientôt au fin fond d’une campagne isolée, où ses parents ont déménagé pour reprendre l'établissement de bains du grand-père malade. Une guigne pour l’adolescente qui ne rêve plus que de regagner la capitale, malgré l’accueil chaleureux que lui ont réservé ses nouveaux camarades. Pourtant, sa rencontre avec Kôichiro, le fils de la plus riche famille du patelin, accapare bientôt son attention. Destiné à devenir le prochain kannushi, intermédiaire entre les divinités locales et les habitants, le garçon possède une aura singulière et envoûtante que Natsume entend bien approcher et comprendre, tout en cherchant sa propre voie.
Dans un genre différent de Piece of cake , plus adulte, George Asakura propose dans À fleur de peau de suivre l’éveil amoureux et la recherche d’une personnalité d’une jeune fille, focalisée sur la mode, la beauté, et dont il apparaît bientôt qu’elle n’est pas en accord avec ce qu’elle ressent au plus profond d’elle-même. Cette mise en perspective de l’importance du paraître chez les ados, au détriment d’un être encore en construction, constitue une des lignes intéressantes de ce manga, de même que l’accent porté sur la cohabitation, pas toujours évidente, entre modernité et tradition, incarnée d’abord par Kôichiro, mais aussi par le choix des parents de l’héroïne de retourner aux sources, en quittant la grande ville pour s’installer dans un village paumé. Là-dessus se greffe l’esquisse d’une romance toute shôjo, accompagnée des questionnements et autres atermoiements de circonstance. Sans surprise, l’idylle naissante ne suscitera guère de passion chez les connaisseuses qui préféreront s’ingénier à percer le mystère entourant le héros, sarcastique et provoquant à souhait, difficile à cerner, malgré une certaine fragilité.
Riche et bien rythmée, la narration se déroule sur un ton plein de fraîcheur et d’optimisme, privilège d’un bel âge qui ne s’inquiète guère des lendemains, croque l’existence à pleines dents, qui expérimente et jouit d’une vitalité apparemment inépuisable. Cette joie, cette inconscience tranquille, parfois assombries par quelques doutes, sont généreusement transmises par le dessin de l’auteure qui souligne à l’envi sentiments et émotions à travers des regards, des sourires, des moues, juvéniles et rarement forcés. Le trait, typé et répondant aux canons du shôjo, campe assez bien des adolescents dont on pourra néanmoins déplorer qu’ils paraissent un peu plus vieux qu’annoncé. Par ailleurs, même abstraction faite de la jeunesse des protagonistes – douze ans, c’est encore tendre… -, certaines situations s’avèrent gênantes et pointent, volontairement ou non, quelques dérives inacceptables. Ainsi, ce photographe à la cinquantaine bien marquée qui propose de faire poser Natsume nue et s’en sort à bon compte, laisse-t-il un goût des plus amers…
D'une lecture agréable, ce premier tome fait passer un bon moment, aborde quelques thèmes intéressants, mais n'a rien de vraiment inoubliable.
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