L
e nom de Mitsuru Adachi (Katsu !, Jinbé, Niji Iro Tohgarashi) évoque presque aussitôt le base-ball et la célèbre série Touch, adaptée en animé sous le titre de Théo ou la batte de la victoire, ou encore le plus récent Cross Game. Mais il rappelle aussi un certain style graphique épuré et des histoires qui ont toutes le même dénominateur commun : la mise en scène d’amitiés et d’amours adolescentes, souvent sur toile de fond sportive. En rééditant Short program, recueil de nouvelles en trois volumes de ce mangaka prolifique, Tonkam propose de le redécouvrir et d’apprécier son talent pour narrer premiers émois, rencontres impromptues, échanges de regards fugaces et inoubliables.
Ce second volume se compose de seize récits courts, indépendants les uns des autres à quelques exceptions près, où se mêlent agréablement mystères et romances, élans et maladresses juvéniles. Le ton léger et frais s’agrémente de quelques joyeuses touches d’humour, tandis que les sentiments sont retranscrits avec justesse et sans mièvrerie, pour créer une partition harmonieuse, frémissante et fragile comme peuvent l’être de jeunes gens s’éveillant aux affres et délices de la passion – et celle-ci peut, bien sûr, concerner une batte, un gant et une balle. Et si la joie de vivre, teintée parfois d’une pointe de nostalgie, prédomine, Adachi livre aussi quelques histoires plus mélancoliques qu’il prend cependant soin d’éclairer d’une douce lueur d’espoir. Dans ces moments-là, l’auteur laisse de côté le verbe pour transmettre toute la charge émotionnelle au dessin qui se suffit alors à lui-même, transmettant puissamment doutes, tristesse, jalousie, poids d’une absence. Simple, précis, dépourvu de fioritures, le graphisme va à l’essentiel, campe les personnages, les anime, leur insuffle jeunesse et vivacité. Il s’attarde sur leur expressivité, verse quelquefois dans la caricature bon enfant, mais sans exagération. Néanmoins, il est dommage de ne pas vraiment pouvoir bien distinguer les protagonistes des diverses nouvelles, ceux-ci se ressemblant un peu trop fortement, donnant l’impression de revoir toujours les mêmes têtes dans des situations différentes.
Pour peu qu'on accroche au style, Short program constitue une plaisante plongée dans l'univers de Mitsuru Adachi. A lire.
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