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t si le 21 juillet 1969, ce n'était pas un homme américain qui avait fait le petit pas correspondant à un pas de géant pour l'humanité. Si, deux mois plus tard, c'était plutôt une femme russe qui avait fait la Une de l'Humanité pour asseoir la suprématie soviétique pour la conquête de l'espace, ou, dans un premier temps, du territoire lunaire. S'ils n'ont pas réussi à coiffer les russkofs sur le poteau, ce n'est pas un grain de sable, ou un minuscule caillou, qui va faire renoncer les enfants de l'Oncle Sam. Il s'agit d'aller plus loin qu'eux, ou au moins aussi loin, et de déluner (comment vous dîtes déterrer là-bas, vous ?) le projet d'installation d'une base permanente. Quelques années plus tard, les deux puissances s'opposent toujours. Et là-haut ? Qu'est-ce qui se trame entre leurs représentants sur place ?
Et une nouvelle série excitante proposée par les éditions Delcourt ! Avec un casting de rêve qui plus est : le Pape local de l'uchronie, un « déménageur » de scénarios d'action, le contrôleur – aérien – de la Série B, associés à un des dessinateurs-vedette et un des top-coloristes de la maison. Cette présentation, aussi sincère qu'elle soit pour les adjectifs retenus, avec une légère saveur de type Dossier de presse, cache un léger embarras une fois la dernière planche lue.
Il y avait de quoi frétiller à l'annonce du projet, comme à la découverte des premières planches. Pourtant, à l'entame du premier tiers de l'album, la question qui se pose est bien « où va-t-on ? » plus que « où vont-ils chercher tout ça ? ». Il y a bien un peu de réécriture de l'Histoire, cohérente et bien vue, mais bien vite, l'exercice vire à l'accessoire. Pourquoi pas ? Mais les promesses énoncées par un modèle de couverture ancré dans la mémoire collective ou par le pitch diffusé il y a quelques mois se flétrissent bien vite. Les auteurs ne colleront pas aux faits pour s'en démarquer légèrement et tracer une tangente au cours agité de la double décennie qui suivra l'évènement. Ils ont plutôt choisi de raconter une histoire se déroulant dans un contexte connu de tous, avec des figures d'État familières, essentiellement pour poser les fondations d'une solide introduction et coiffer l'album d'une conclusion intégrant le tournant berlinois qui redéfinissait le rapport de force Est-Ouest.
Cette désillusion condamne-t-elle la pure fiction qui se trame entre les deux ? Ce serait excessif mais il est pourtant difficile de s'enflammer pour cette fable idéaliste. Elle ne manque pas de rythme, pas de violence nécessaire mais ne donnera pas matière à d'insondables réflexions ou ne laissera pas ébouriffé par une audace mémorable. Certains points étonnent néanmoins. Ainsi l'épisode pakistanais permet bien de faire un saut dans le temps et d'introduire l'étoile noire, reléguée plus tard au rang d'accessoire, mais le « what if ? » cède alors la place au « so what ? ». De même, la longue scène de présentation de Sasha, évoquant un crossover entre L'étoffe des héros et Firefox, semble bien longue au regard de son apport sur le fond. D'un point de vue graphique, le constat est similaire. Philippe Buchet aligne la plus large galerie de personnages humains qu'il a eu à composer depuis fort longtemps et s'est trouvé probablement confronté à devoir recourir plus que d'ordinaire à une massive documentation pour éviter les erreurs qui seront traquées par une cohorte de spécialistes aussi exigeants que tatillons. Le résultat n'est pas déplaisant, mais les inserts « photographiques » multiples, l'utilisation de certaines textures (cette chemise à fleurs qui focalise l'attention), l'excès de peaux rosées (Sillage est plus naturellement haut en couleurs) ou les compositions incluant certains symboles architecturaux russes étonnent plus qu'ils ne charment.
Curieux. C'est le sentiment dont il est difficile de se défaire d'un bout à l'autre de la découverte de ce premier tome qui laisse un sentiment pour le moins mitigé, ce que de nombreux Série B évitent très souvent. Dans deux mois, Paris, secteur soviétique se chargera de prouver si c'est l'entrée en matière qui était délicate ou si le lecteur s'est fourvoyé tout seul en prêtant à Jour J des ambitions et une orientation plus géopolitiques qui ne sont pas celles que ses auteurs se sont fixées.
Thème plutôt bien exploité, mais je pense qu'il en manque:
Je m'attendais à un peu plus sur le fait qu'une femme soit le premier homme à poser le pied sur la lune.
L'album date de 2010, #MeToo n'existait pas encore, et la vulgarisation scientifique commençait tout juste à être pertinente sur les réseaux, certes... ça n'empêche pas un peu de recherche et de philanthropie: alors quoi, les femmes ne servent qu'à enfanter, ou se faire dessouder à coup de pied de chaise ou de missile? Alors que le même récit ouvre avec: une femme a posé le premier pied sur la lune... super idée, complètement gâchée.
Au delà, le récit est bon et les idées sont presque toutes bonnes: base lunaire, entraide en milieu hostile, humanité finalement... Très classe. Dommage que l'un des moteurs soit l'alcool et l'autre la fumette, ça décrédibilise radicalement l'action scientifique dans l'espace. Donc on construit des bases lunaires à coûts astronomiques pour distiller de la vodka et cultiver du cannabis, qui ne servent qu'au troc local ? Seriously...
Heureusement le reste, et notamment tous les aspects politiques, sont correctement développés, avec toute l'humanité et l'absurdité que l'on peut en attendre. Cette justesse, parfois un peu ampoulée (genre les 2 militaires US et soviet, tous 2 radicaux, qu'on envoie armés sur la lune qui est un endroit démilitarisé) rend le récit finalement crédible. Comme chaque camp envoie un génie en plus du nettoyeur, l'histoire ne tourne pas (trop) au massacre d'innocents même si on y a droit malgré tout.
Le tout reste agréable à lire, malgré l'oublié number one de cette histoire: la science.
Tout n’est pas bon dans Jour J mais ce premier album reste un moment plaisant. En réalité, c’est de la SF comique plutôt réussie.
Les dessins de Buchet sont au niveau et le scénario tournée autour de deux bases américaines et russes sur la Lune est suffisamment déjanté pour m’avoir vraiment fait sourire.
3,5/5
Je viens de relire le tome 1 de la série, déjà parce que je suis retombé dessus dans ma bibliothèque, mais aussi parce qu'on a un retour prochain sur notre satellite qui nous est annoncé, bref c'était l'occasion. Ce fut un plaisir de retrouver la série, le premier tome est toujours aussi sympathique, certes le travail fait sur la série à l'époque n'est pas aussi abouti que aujourd'hui, mais ça reste maitrisé avec une vraie alternative au monde réel. Par moment, c'est assez naïf dans le propos, mais ça fait plaisir, les séries désespérées ou le russe est forcément le méchant, l'Américain le gentil, qu'il y a des héros, des vilains et j'en passe, c'est gonflant. Le tome est à mes yeux plus subtil et même si le monde réel actuel est loin de celui idéalisé (bon le moment est peut-être mal choisi) dans lequel nous vivons, ça fonctionne. Même des scènes anecdotiques ont leur intérêt, notamment celle de Moscou, mais moi j'aime bien. La construction du récit fonctionne, on a la sensation que ça prend son temps et pourtant ça avance rapidement, ça montre la maîtrise de story-telling de l'artiste. Moi, j'avoue, je reste bluffé et je ne dis pas ça parce que la Mère Patrie a battue les américains ^^. Il y a quelques ellipses, mais ce n'est pas dérangeant et je ne me souvenais pas de tous les éléments composant le récit, mais ce fut tout de même plaisant, une vraie redécouverte d'une série de qualité.
Les dessins sont bons, rien à redire, j'aime beaucoup le soin sur les visages, c'est de qualité et le mot est faible. Le dessinateur retranscrit parfaitement le rythme du scénario et on se laisse facilement embarqué dans le récit, même sans lire les bulles. Bref, une merveille qui me donne envie de relire la suite de la série.
C'est le genre de bd duquel on attend beaucoup car l'idée est originale mais dont le résultat déçoit quelque peu. Tout ça pour ça ? C'est le sentiment qui ressort de cette lecture. Le postulat uchronique est intéressant car on sait que les soviétiques étaient à deux doigts d'atteindre la Lune avant les américains. Est-ce que l'Histoire aurait changé pour autant ?
Cette bd s'attarde trop dans les 25 premières pages à des choses sans intérêt avant de se concentrer sur les actions lunaires. On n'aura même pas le moindre attachement aux différents personnages. C'est dire !
Je n'ai pas trop aimé qu'on nous montre sous un jour clément certains des pires dirigeants de l'Histoire. Mais bon, la morale est sauve dans le genre "créons un bébé de l'espace" pour la paix universelle des peuples. Au final, c'est plutôt décevant.
J’avais laissé une chance à cette série au concept intéressant de se rattraper à l’occasion de la lecture de ce 2ème et 3ème tome. Et là, je constate que c’est toujours aussi flasque. Je m’interroge même sur le concept. Il est déjà difficile au plus grand nombre de connaître véritablement l’Histoire. Je crains que ces lectures jettent totalement le trouble chez les plus jeunes capables de sortir des âneries sans pareilles.
Je sais que ce concept a été utilisé dans d’autres séries comme par exemple Luxley de Valérie Mangin. Je me demande pourquoi ce que j’apprécie chez les uns, je ne le partage pas chez les autres. Pecau et Duval sont des scénaristes dont j’apprécie la plupart des œuvres car typiquement dans une mouvance commerciale et sensationnaliste que je ne rejette pas. Ils essayent tant bien que mal de créer un univers qui apparaîtrait crédible. Cependant, à force de multiplier les clins d’œil à des personnages ayant existé mais remplissant d’autres rôles, cela rend l’ensemble totalement indigeste.
Bref, mon avis sera sans concession. Ce n’est pas simplement le premier tome qui est mauvais : c’est la série! Je confirme d'ailleurs avec ma lecture du 4ème et du 5ème tome! Désolé, il n'y a vraiment rien à sauver!
Déçu…
Je ne sais pas trop à quoi je m’attendais mais j’adore ces histoires de « Et si » avec un changement d’Histoire.
Pourtant, ici, rapidement, ça sert de prétexte.
J’ai eu l’impression de voir une histoire de science-fiction (qui se tient, la question n’est pas là) mais le « Et si » de départ ne lui est absolument pas utile.
J’ai eu beau tenté de m’y accrocher, rien n’y a fait.
Et si, finalement, les Russes avaient continué leurs recherches ? Et si, dans un monde futur, les deux grandes puissances étaient sur la Lune ?
L’histoire aurait été la même…
L’histoire est assez classique, simple et ne tient pas part du postulat de départ outre mesure, dommage.
Ajouté à cela que j’ai eu un peu de mal avec les visages figés, je ressors déçu.
Voilà bien le style de BD qui me fait saliver. La très belle couverture n'est sans doute pas étrangère à cela. Mais là, force est de reconnaître que ma déception a été à la hauteur de mes attentes, et ce à tous les niveaux. L'uchronie n'est que prétexte à une histoire (avec un petit H) somme toute assez attendu et frôlant parfois la caricature. J'en attendais véritablement autre chose. Reste une BD que j'ai lu vite bien fait, sans plaisir mais sans ennui non plus. Je jetterais sans doute un oeil sur les autres opus de la série.
Et si l'histoire spatiale avait été différente, le monde aurait-il été changé ?
Histoire intéressante à défaut d'être très crédible, en tout cas on aime la suivre même si il y a quelques ellipses rapides. Le dessin est moins convaincant, lisible mais ne retenant pas l'attention. Au total un album agréable à lire avec une idée de départ intrigante.
Et si le premier Homme a marcher sur la lune avait été une femme et russe de surcroît ! Tel est le postulat de cet album.
Malgré quelques invraisemblances (d’ordre technique) et un graphisme qui manque parfois de constance, Jean-Pierre Pécau et Fred Duval développent une uchronie dans un esprit qui n’est pas sans rappeler celui de M.A.S.H. de Robert Altman…
Toutefois, ce 1er opus de « Jour J » passe à coté de son sujet de par un traitement trop superficiel de l’idée originelle.
L'originalité du thème cache une réalisation moyen plus. Le scénario qui partait plutôt bien, tombe très vite sur une série de clichés et de raccourcis qui le rendent subitement peu crédible. le dessin est plutôt moyen moins avec des disproportions sur les visages d'une case à l'autre. On passe quand même un moment agréable, même si ça ne fera pas date puisque laissant un petit gout de (trop) vite fait (pas) bien fait.
Une démarche on ne peut plus intéressante, un dessin qui tient la route...
Hélas, ce scénario de politique-fiction aurait mérité d'être articulé autrement qu'autour d'une quelconque marijuana lunaire... En étirant le concept de la victoire spatiale de l'URSS sur 2 ou 3 volumes, on sent que c'aurait pu être une terrible réussite...
Terriblement décevant...
Le sujet initial est très interessant puisqu'il s'agit de relater un évènement qui aurait pu changer la face du monde.
La BD est bien construite et n'est pas dépourvue d'humour; mais finalement cet épisode nous raconte une belle histoire mais rate son coup puisque la face du monde s'en trouve peu changée.
Un bon divertissement quand même.
6/10.
Changer le cours des évènements qui ont marqué les esprits et c'est notre avenir qui se trouve modifié. Cette réaction systémique enclenche alors un certain nombre de phénomènes et en précipite certains autres. Le thème de cette série " et si l'histoire avait changeait de cap" débute par un one-shot qui se déroule sur la lune. Les russes y ont foulé son sol les premiers et le rapport de force entre eux et les américains s'en trouve modifié. Ce premier opus J-01 est servi par un scénario simple mais efficace et des dessins, classiques, mais parfois caricaturaux et simplistes. L'ensemble se lit cependant avec un réel plaisir tant le sujet est passionnant.