« Vous ne le savez pas encore, mais vous avez rendez-vous avec un voyou… l’un des plus turbulents représentants de cette jeunesse, qui, pressée d’en découdre, trépignait dans les coulisses d’un monde corseté », telle est la manière dont Nicolas Finet présente Kazuhiko Miyaya dans la préface de l’Eveil. Un auteur culte au Japon, précédé d’une réputation sulfureuse, même si les textes présentés dans cette « anthologie inachevée » évoquent davantage les aventures de Golgo 13 de Takao Saito que Les Larmes de la bête ou L’Enfer de Yoshihiro Tatsumi. Il semble que les éditions Vertige Graphic et la collection Akata – dont c’est ici la première collaboration – aient souhaité publier la partie la plus accessible d’une œuvre subversive, souvent crue et violente.
Pour autant, les quatre nouvelles qui composent le recueil s’inscrivent résolument dans la tradition du gegika, ces « images tragiques », ces histoires de désespérance et de souffrance humaine. S’y ajoutent chez Miyaya, outre un certain goût pour le lyrisme, une appétence pour le jazz et une certaine exaltation de l’existentialisme, une fascination pour des écrivains maudits comme Yukio Mishima (Le pavillon d’or, Dojiji et autres nouvelles) ou Kenzaburô Ôé (Dites nous comment survivre à notre folie), ainsi que la rage propre à sa génération, celle du Japon de la fin des années soixante. Une période marquée par de violents affrontements entre la droite et la gauche où, aux désillusions d’une nation assujettie et défaite depuis le discours de capitulation de l’Empereur Hirohito, faisaient écho la frustration et le trouble d’une génération écrasée par le poids des traditions. Les soubresauts de la contre culture, les mouvements de libération sexuelle, la proximité de la guerre du Vietnam, la corruption des élites et l’ambigüité de la politique extérieure du Japon formaient un cocktail explosif dont parvinrent à se saisir les auteurs de manga social.
Au gré de cette anthologie, les tragédies de l’Histoire succèdent à de petits drames quotidiens ; l’évocation mélancolique et la réflexion sur l’amitié cèdent la place au thriller ou à la machination politiques. En incarnant la prise de conscience d’une société emportée dans une fuite en avant, les nouvelles de Kazuhiko Miyaya font ainsi figure, aux côtés de l’Elégie en rouge de Seiichi Hayashi, de manifeste critique à l’influence considérable : Super Biker, prenant place dans le milieu anarchisant des motards, semblant, par exemple, déjà préfigurer le Akira de Katsuhiro Otomo.
» Pour aller plus loin, le dossier consacré à Kazuhiko Miyaya publié chez Comipress dans l’anthologie Manga Zombie.
C'est la première fois que cet auteur ayant une grande réputation sulfureuse au Japon est publié chez nous. L'oeuvre se veut subversive, crue et violente et même touchante.
La première, Super biking, propose action et rédemption motorisées sur un fond de réflexion sociale.
La seconde, Une paire plus kicker, est un petit thriller donnant tout leur sens aux mots “amitié” et “sacrifice”.
La troisième, Lamentations d’un nègre, est une introspection nostalgique.
La dernière, Le jour où David s’éveille, est une violente dénonciation politique. À la fois manifeste anti-dictatorial et critique de la politique extérieure parfois ambigüe du Japon.
Un long commentaire de Kazuhiko Miyaya permet de replacer chacune de ces nouvelles dans leur contexte de création et de cerner les motivations de l’auteur.
Les thèmes sont assez variés et on ne voit pas une réelle lisibilité entre ceux-ci car on se perd dans les méandres de chaque histoire. J'ai eu particulièrement du mal à suivre. J'admets que le dessin est plutôt réussi encore qu'il est affiché sur un papier de mauvaise qualité. Il est vrai que la mayonnaise n'a pas pris du côté de ces nouvelles qui n'ont pas provoqué chez moi l'effet voulu.