L
e 22 décembre 1847, Alexandre de Humboldt, naturaliste à la retraite, reçoit la visite de la jeune Louise Amadilla, qui lui remet un étrange carnet de voyage ayant appartenu à son vieil ami Aymé Bonpland. Intrigué, le scientifique fuit les mondanités auxquelles il s’apprêtait à participer de mauvaise grâce pour reprendre le chemin de l’aventure.
La maîtrise dont Vincent Froissard fait montre de la première à la dernière planche se révèle dès une couverture à la réalisation impeccable : sans attendre, l’artiste prend le lecteur par la main pour l’emmener dans un univers graphique à couper le souffle. Dans une ambiance qui rappelle son travail sur Felicidad, série qui hélas connut une fin prématurée, ce dessinateur au style particulier à plus d’un titre joue agréablement sur un trait souvent esquissé et une colorisation virtuose pour dépeindre tantôt des paysages de brumes, tantôt de sombres chemins tortueux, qui donnent aux planches un véritable relief et aux atmosphères une crédibilité sans faille. Parcourir les pages de ce volume de belle confection, c’est partir soi-même en voyage et découvrir des contrées inexplorées recelant mille dangers, le tout en compagnie de personnages qui intriguent par leur caractère et leurs motivations.
Usant avec une incontestable habileté de textes récitatifs joliment tournés, malgré quelques coquilles malheureuses, Étienne Le Roux s'appuie sur un phrasé de qualité qui ne cède jamais à la tentation de monter dans les tours. Même dans les moments les plus critiques, le rythme reste mesuré, invitant à profiter au mieux des cases qui, comme autant de tableaux, se succèdent en une galerie somptueuse. Les ornements ajoutés à bon escient tout au long de l’album, ici un cadre qui entoure une illustration ou un portrait, là une carte dépliée sur la table d’un capitaine de vaisseau, soulignent efficacement une impression générale d’authenticité. Les différents acteurs évoluent avec aisance dans cet environnement, réservant nombre de surprises et se dévoilant à mesure que le récit, soucieux d’éviter les voies balisées, se plaît à emprunter des chemins de traverse par goût des révélations inattendues.
Le dernier voyage d’Alexandre de Humboldt séduit par un dessin unique en son genre et achève de convaincre par une histoire qui se déguste lentement, pour en savourer chaque bouchée, et devrait se clore par un deuxième livre que l’on espère tout aussi réjouissant que le premier.
Alexandre Humboldt, vieux naturaliste à la retraite, se retrouve entraîné, après la réception d'un mystérieux carnet revenu du fond du temps de sa vie aventureuse, dans un nouveau périple, plus vraiment de son âge d'ailleurs, à la recherche d'un ami qu'il croit vivant.
Tout de suite ce séduit c'est la qualité graphique, et ce malgré le choix d'une palette très sombre, mais qui sied à merveille à cette aventure mystérieuse. L'auteur n'a pas hésité à parsemer ça et là des petits plus graphiques qui accentuent le coté "tour du monde en 80 jours", et improvisation de celui qui part et qui verra bien au fur et à mesure. Déjà la présentation, un peu sous la forme d'un journal, qui n'exclut pas, pour notre plus grand plaisir l'irréel, est agrémentée de cadres, de plans et cartes et autres dessins manuscrits qui adoucissent et crédibilisent ce voyage.
Le tout se lit en douceur, comme une descente de rivière et c'est avec délice qu'on se laisse emporter doucement par l'histoire.. dont on espère une suite tout aussi agréable.