Profitant de la cohue des derniers achats avant Noël, Andreï fait glisser ses doigts dans les poches des nombreux clients. Alors qu’il se faufile au milieu de la foule à la recherche d’une nouvelle victime, le sans-papier russe reconverti en pickpocket s’apprête à faire la plus mauvaise pioche de sa jeune carrière. L’homme qu’il vient de dérober n’est pas seulement un compatriote, mais également un tueur à gages de renom. La sentence de Mathias Bernkoff, dit le boucher, est sans merci et condamne Andreï à une mort certaine. En souvenir du bon vieux temps, l’ex-ami de son père lui octroie cependant un délai de vingt-quatre heures. Plus qu’une journée à vivre !
Près de dix années après la parution de son roman, Gani Jakupi adapte son œuvre en bande dessinée. Derrière cette couverture qui annonce immédiatement le genre et un pitch qui n’est pas sans rappeler le concept d’Ikigami - Préavis de mort se cache pourtant un polar psychologique assez étrange. Entre les errances et le mutisme de la victime et les monologues sinueux du bourreau, l’histoire met beaucoup de temps à se profiler et se révèle finalement assez confuse. De plus, ce personnage qui survit tant bien que mal en attendant d'obtenir des papiers n’a rien de vraiment attachant et les diverses rencontres qu’il fait avant l’ultimatum ne sont pas pleinement exploitées.
Même si le scénario est assez déroutant, le trait nerveux et maîtrisé de N'Guessan (Aberzen, Petit d'Homme), rehaussé par une mise en couleur tout en aplats, confère une ambiance pesante et sombre très réussie à l’ensemble. Et au final, cette approche plus psychologique du polar ne manque somme toute pas d’originalité.
Une chose m'a échappée à cette lecture de ce one-shot : pourquoi un vieux mafieux russe en veut à un pauvre bougre totalement fauché au point de vouloir le tuer en lui laissant cependant un délai de 24 heures ? Juste pour avoir fauché un portefeuille le soir de Noël dans un hypermarché bondé ? Cela ne paraît guère crédible même avec une ambiance au parrain de Francis Ford Coppola.
La suite ne sera d'ailleurs qu'une course poursuite dont l'intérêt paraît limité. Ce ne sont pas les dialogues plutôt obscurs et hors de propos qui feront remonter la côte de ce jour de grâce.
Ce thriller fera même partie de la sélection officielle hors compétition du festival d'Angoulême 2010. Rien que cela. Cela laisse songeur et pantois... Ce ne sont pourtant pas les bonnes histoires qui manquent sur le marché abondant de ces dernières années !