D
ans la chambre de l’enfant, le récit d’un père à sa fille : Peau d’âne. Sur son lit de mort, la reine fait promettre au roi de ne se remarier que s'il trouve femme plus belle qu'elle. Mais, dans tout le royaume, il n'en est qu'une dont la beauté soit si grande : sa propre fille.
Consacrée aux adaptations littéraires, la collection Fétiche s’enrichit d’une version singulière et inspirée du conte de Charles Perrault. Par la souplesse de son trait, Edmond Baudoin sait traduire les émotions de ses personnages, matérialiser leur psyché pour la fusionner avec les paysages. Autant d’images mentales, d’orageuses nuits de fuite, pour signifier les tourments de la belle et les démons d’un désir interdit. L’imaginaire se confond à la réalité, les rêves de la petite fille se mêlent à la fuite de Peau d’âne pour nourrir un voyage intérieur, un chemin initiatique, au cœur de la création. A cette narration à plusieurs voix, Baudoin réserve différents traitements graphiques pour aborder des thèmes qui lui sont chers : la beauté, l’amour ou la liberté. S’il privilégie des couleurs vives, un dessin naïf pour évoquer l’onirisme enfantin, il choisit, pour illustrer la fable, un style empruntant, tout à la fois, à l’impressionnisme d’un Gauguin ou d’un Van Gogh, au symbolisme enluminé d’un Klimt. Il y a, ainsi, ces lavis où l’encre se dispute à la lumière, ces robes couleurs de temps, de lune ou de soleil où les motifs et les couleurs rivalisent de richesse. Le dessin jeté, sensuel, fait des merveilles, qu’il s’agisse de figurer le mouvement, d’éclairer le désir, de traduire les signes de l’émotion ou d’épouser les courbes féminines. Il y a, enfin, ces pleins, ces déliés, où chaque coup de plume ou de pinceau est comme un envoûtement, une échappée, qui ajoute encore de la vie sur la planche.
Une réussite.
» A lire aussi, les chroniques de l’Arleri et de Roberto.
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