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homas Gilbert est le premier auteur publié par Manolosanctis, un nouvel éditeur qui fonctionne sur le mode participatif ou communautaire. Ce vrai-faux nouveau modèle remet au goût du jour l’ancienne pratique de la souscription. La grande nouveauté, rendue possible grâce à internet, est d'ouvrir aux adhérents tout le processus de la publication. Les projets sont sélectionnés, suivis et critiqués tout au long de leur création, l’internaute jouant le rôle de directeur de collection. Cette démarche très utilisée dans le monde de la musique fait donc son apparition en BD. Elle offre ainsi la possibilité à des auteurs débutants de se faire connaître, de progresser et, finalement, d’être publiés.
Il ne fait pas bon grandir dans les plaines de l’Oklahoma. Entre l’extrémisme religieux de son père et la violence quotidienne d’une ville frontière, le jeune Oklahoma essaye de grandir à l’ombre de Dieu et des hommes.
Pour ce premier album solo, l’auteur s’attaque à un sujet ardu et délicat qu'il est difficile de traiter sans tomber dans la caricature. Les extrémismes, qu’ils soient d’un bord ou d'un autre, finissent toujours par se ressembler. Le récit est dur, parfois très violent, aussi bien psychologiquement que physiquement. En scénariste prudent, Gilbert évite les conclusions hâtives et parvient à développer son propos avec une certaine intelligence. Particulièrement réussi, le suspens est rarement là où le lecteur l’attend. La construction narrative est exemplaire, et l’évolution de l’horreur, dont est le héros est, à la fois, témoin, acteur et victime, est impitoyable. Même si cette surenchère presque continue de monstruosité est parfaitement composée, elle n’arrive pas totalement à masquer un traitement, en fin de compte, un peu simpliste du sujet initial.
Fortement influencé par « l’école » blutcho-sfarienne très à la mode ces jours-ci, le style de Gilbert est clair et efficace. Peut-être un peu trop sage, la mise en scène joue également la clef de la simplicité. Le résultat est un album d’une très grande lisibilité et parfaitement maîtrisé. Il manque, peut-être, d’un peu de « souffre » par moments, à l’image de l’épisode nocturne, traité en ombres chinoises, sombre à souhait .
Pour un premier album, l'auteur présente avec Oklahoma Boy une histoire difficile et très bien contée. Les participants du projet Manolosanctis ne se sont pas trompés en misant sur lui !
À lire également :
La prépublication complète de l’album disponible en ligne
Le site officiel de Manolosanctis
L’auteur est jeune et n’a pas choisi la voie la plus facile pour se faire connaître du grand public. Son récit n’est pas très original mais plutôt bien écrit. C’est le récit d’un jeune garçon qui a été baigné par un père prêcheur dans une espèce d’idéologie théocratique fanatique. On sait bien que ces gens là qui prêchent les bonnes valeurs sont les moins vertueux d’entre nous. On ne sera pas surpris par l’évolution de cette histoire. Pour autant, j’ai bien aimé ce premier tome car la lisibilité est plutôt agréable.
Le second tome est radicalement différent car il se passe au moment de la Première Guerre Mondiale dans les tranchées lorsque les américains ont sauvé les français d’une débâcle prévisible. Ce qui m’étonne, c’est que le premier tome se passe durant une période de western proche des années 1880. Le gamin a juste environ 10 ans de plus et on se retrouve en 1917. Je pense que l’auteur n’a pas acquis vraisemblablement de simples notions d’histoire. Je n’ai pas compris cette incohérence.
Par ailleurs, ce second tome n’avait plus la même fraîcheur que le premier qui aurait pu être un one shot. J’ai même trouvé le dessin moins abouti outre le scénario qui fait défaut.