L
e roi Alester se meurt. Il y a quelques décennies, au sein de la Compagnie des loups, une troupe composée de mercenaires, puis, à la tête de la Meute, une authentique armée, il a installé le royaume d'Archaon. Garant de la justice et de la paix, le souverain, isolé, sait que sa disparition s'accompagnera de luttes intestines pour conquérir le pouvoir. Avant de rendre son dernier souffle, il adresse un courrier à l'un de ses anciens compagnons d'arme, Hector « la muraille » Wiestal, dont il avait prononcé le bannissement trente ans plus tôt. L'homme, usé, rongé par le même mal, mais fidèle à ses idéaux, revient pour un ultime face à face. La rancœur ne pèse guère lorsqu'il est question de loyauté et il reste encore quelques pages de la légende des Loups à écrire...
A première vue, Le Banni présente les qualités, mais aussi les défauts, couramment rencontrés dans ce type de récit chevaleresque. Hommes aussi solidement charpentés que fortement armés, sens de l'honneur et conception de la fraternité virile qui s'opposent à la vilénie et l'art de la trahison, troupes armées monumentales investissant des champs de bataille démesurés, créatures vénéneuses contrastant avec des âmes pures, le compte y est. Ajoutons un lyrisme propre à quelques tragédies accompagnant un univers pictural propice à la contemplation et le cahier des charges est respecté.
Seulement, outre un traitement très « premier degré » qui lui va bien au teint, l'une des qualités, à double tranchant, du Poids de nos victoires est d'entrouvrir de multiples portes qui laissent, dans le genre, augurer de plus de points forts que d'ordinaire, pour mieux aiguiser la curiosité à l'idée de ce qui va suivre. Ce premier tome sème en effet à tout-va, sans qu'on sache si les deux qui lui succéderont réussiront à répondre à toutes les questions. Il faudra bien revenir sur le triangle Alester-Lady Jester-Hector comme il faudra dévoiler ce que la demeure de l'Ephyse recelait. Tout comme le sort des trois autres Loups devra être évoqué, la nature et les desseins des Transcendants révélés. Dans un registre plus martial, il ne faut pas non plus que la marche de l'armée de Jester le jeune soit un simple mouvement de troupes sans envergure.
L'intérêt de cette mise en place, ce n'est pas, pour le moment, la trame, très classique, du récit mais certaines idées qui ne se contentent pas d'occuper l'arrière-plan. Le thème de la déchéance est autrement plus intéressant qu'une passe d'armes entre le bon et une brute dans une auberge. L'échelle du temps telle qu'elle est présentée (qui apparaît comme le principal élément fantastique dans un univers dépourvu de monstres), l'infection ou les stigmates qui meurtrissent les corps pèsent favorablement dans la balance, quand bien même l'idée d'avoir à faire avec une nouvelle Élue, plus tard, la ferait pencher du mauvais côté. Dans le registre graphique, le constat est un peu le même : las des livres d'images statiques, on sait gré à Tarumbana d'avoir misé autant que faire se peut sur une variété de points de vue, de teintes et d'éclairages pour éviter de réduire le lecteur au rôle de collectionneur de vignettes. Les auteurs ont également su doser l'imposante analepse intervenant aux deux tiers de l'album pour éviter que l'ennui lié au mode récitatif des hérauts ne l'assomme.
A la fin de l'album, le groupe constitué autour du Banni s'élance à vive allure vers la suite des aventures. S'ils relèvent les défis qui s'offrent à eux, elle s'annonce sous les meilleurs auspices. Aux auteurs de leur faire emprunter la bonne voie, hors des sentiers battus, en les dotant d'une réelle épaisseur et en répondant aux attentes de ceux qui les suivent. Dans ce cas, deux tomes risquent d'apparaître bien insuffisants. Ce serait bon signe, et il sera toujours temps de revoir cette feuille de route.
Je trouve cette fresque tout simplement magnifique dans son traitement graphique et narratif. Oui, nous avons là une œuvre de qualité d'une rare intelligence. C'est une réussite ambitieuse à bien des niveaux. Pourtant, les auteurs ne sont qu'à leurs débuts dans ce métier. Raison de plus ! Le talent n'attend pas forcément le nombre des années !
L'imaginaire rappelle sans doute un peu celui de la trilogie du Seigneur des Anneaux mais sans les elfes, nains et autres dragons propres au genre héroïc fantasy. Il y a également une cartographie qui se dessine devant nous. On cerne assez rapidement les différents enjeux géographiques et politiques à travers les frontières de ce royaume menacé et sans héritier connu.
On est certes en présence d'un véritable tome introductif mais cela nous laisse un peu sur notre faim. On aurait souhaité que cela soit encore plus long. C'est quand même bon signe en espérant que la suite sera de la même veine. Le personnage même du banni qui représente à la fois la grandeur et la décadence nous incite à découvrir sa légende entre la peur et la rédemption au milieu d'une guerre qui le dépasse.
Il est vrai que les ingrédients de ce récit au genre médiéval-fantastique sont plutôt classiques. C'est sans aucun doute la mise en scène réalisée avec maestria par des auteurs débutants qui relève le niveau. Si on ajoute un graphisme hors pairs, on a quelque chose qui se dégage du lot des productions habituelles et qui donne une véritable dimension épique à l'ensemble.
Le lecteur aura même la possibilité de prendre un peu de recul par rapport à l'histoire pour découvrir au second plan une multitude de petits détails dont l'arrière plan fourmille. La première lecture a laissé place à l'émotion et au dépaysement de cet univers foisonnant. La seconde nous permet d'apprécier la richesse de l'histoire, les cadrages, la maîtrise de la narration ainsi que le graphisme pour encore plus apprécier cette œuvre magnifique.
Qu'ajouter de plus pour entrer dans cette légende ? Qu'est ce qui pourrait donner encore plus envie de se plonger dans cette série qui s'avère magistrale ? Un somptueux dessin ? Certes mais cela ne suffit pas ! Une histoire merveilleuse et passionnante qui ne lasse jamais ? Peut-être bien ! C'est en tout cas cette étincelle qui m'a passionné pour la bande dessinée que j'ai retrouvé dans ce petit bijou.C'est une symphonie des sens totalement époustouflante qui ne demande qu'à être découverte par vos soins.
Après bien des péripéties, voilà que le tome 2 devrait sortir prochainement. On espère que le niveau sera aussi bon et qu'on pourra bénéficier d'un rythme de parution plus rapide. Il faut dire que ce tome a réellement accouché dans la douleur sans qu'on en devine les causes. Le titre fait incontestablement penser à la série Game of thrones où il est question d'un fameux mariage pourpre. On va en apprendre un peu plus sur ce qui a conduit à l'exil de notre banni. Il y a également dans ce tome une introduction de la magie qui n'était pas présente et qui surgit comme si de rien n'était.
Mon problème avec ce tome se situe plutôt dans l'incohérence de certaines situations que je n'aurais pas dû relever. Dans le premier tome, on voit un banni qui refuse de se laisser capturer et qui réussit à massacrer une troupe de 55 soldats. Dans ce tome, Hector se laisse arrêter par une poignée d'entre eux dont l'un qui veut devenir roi sans avoir la carrure. Pourtant, la muraille n'a rien perdu de sa force légendaire. On reste un peu dubitatif. On n'arrive pas à comprendre également pourquoi il y avait un leurre concernant l'héritier légitime du trône. Et puis cette reine automutilatrice surgie de nulle part qui prend le trône en massacrant les notables et les soldats qui la suivent dans sa folie sans se rebeller. Tout cela paraît trop facile pour être crédible. Bref, on se pose des questions à tout bout de champ.
Le niveau de ce tome est un cran en-dessous du précédent mais pas en ce qui concerne le dessin toujours aussi magnifique. Il y a des plans bien choisis et les couleurs sont simplement sublimes. L'action semble ralentie par les nombreux flash-back. La fluidité semble presque artificielle. Certes, il y aura de nombreux rebondissements mais également la perte de deux personnages centraux pourtant intéressants.
Bon, on est quand même dans une série de qualité dont on a envie de découvrir la suite pourvu qu'elle ne tarde pas trop. J'apprends cependant qu'elle ne se fera sans doute jamais car les auteurs ont décidé d'abandonner cette série prometteuse pour se consacrer à d'autres projets.
Note Dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 4/5 – Note Globale : 4.25/5
Je me suis ennuyé...
Je lis que c'est une histoire "classique" d'heroic fantasy ; et bien heureusement que toutes les histoires d'heroic fantasy ne sont pas comme celle là !
Sinon, bonjour l'ennui.
Ce Conan le barbare version franco-belge est moisi, comme le personnage est vieux.
Le dessin est juste correct, sans être renversant.
J'ai lutté contre le sommeil, hier soir, pour arriver au bout de l'album.
Pour l'instant cette série ne sort pas des sentiers battus. Le scénario est classique mais il peut devenir plus intéressant si l'auteur sait utiliser toutes les possibilités de développement des personnages (Jester, les autres membres de la meute, l'Elue, les Transcendants,...). Pour les dessins, ces peintures sont jolies et l'ambiance héroic fantasy est bien ressentie.
A voir en fonction des autres tomes....
Une histoire classique d'héroic fantasy qui ravira tous les amateurs du genre.
Scénario classique mais efficace et non dénué de petits mystères.
Cette oeuvre vaut surtout par la pureté de ses dessins.
Une réussite qui demande confirmation dans le tome 2.
7/10.
Malgré 30 ans d’exil forcé, Hector Wiestal répond à l’appel d’Alester, ce roi qu’il mit jadis sur le trône…
Si le scénario est des plus classiques (mais peut-on encore innover en matière de médiéval fantastique ?), Henscher sait donner à cette histoire une dimension épique et un véritable rythme en alternant les séquences centrées sur des lieux, des temps ou des personnages différents.
Coté graphisme, l’ambiance que dégage le dessin de Stacy Ntarumbana doit beaucoup au jeu des couleurs et à son approche quasi photographique.
Au final, un album à l’atmosphère à la fois sombre, troublante et ambiguë comme les personnages de cette nouvelle série.
A suivre … avec intérêt !
Une histoire archi-classique mais servie avec classe par de très belles peintures : voilà ce qui pourrait résumer mon avis sur cette BD.
Le type chassé pour sa popularité par le roi pour éviter qu'il lui fasse de l'ombre ... c'est malheureusement une corde (ficelle un peu grosse) très, trop, souvent utilisée pour marquer les esprits. Heureusement qu'on en prend plein les yeux !
J'espère que le prochain tome sera moins conventionnel au niveau du scénar et que les dessins seront de la même qualité.