L
a Maison du Lotus est un havre de paix pour les orphelins qui y grandissent et y sont formés jusqu’au moment de leur mariage. La maîtresse est l’élégante dame Sabu, dont l’origine et la richesse demeure un mystère pour tous. Un jour d’hiver, l’une de ses protégées, Myo-un, recueille un adolescent qu’elle a trouvé dans la neige. Rétabli, l’inconnu, qui prétend s’appeler Mumyeong, explique à dame Sabu qu’il est à la recherche d’un certain Hong, dont il doit rapporter la tête au seigneur du royaume voisin. Bien que peu convaincue, son hôtesse lui propose de rester cinq jours dans la Maison du Lotus afin de déterminer quel enfant il choisira comme trophée. Durant cette période, Mumyeong participe au quotidien des autres jeunes, observant Myo-un et s’accrochant avec le trépidant Ryusang. Le laps de temps écoulé et son choix fait, c’est finalement à dame Sabu qu’il s’en prend, l’accusant de dissimuler de lourds secrets…
Quittant les univers fantastiques très sucrés et romantiques de Platina et Little Queen, Yeon-joo Kim livre avec Nabi un récit d’aventure où les sabres voltigent dans le cadre élégant et feutré d’une Corée médiévale. Faisant suite au one-shot Nabi Prototype, ce premier volume en reprend quelques personnages, Myo-un et Ryusang en particulier, qui jouent ici un rôle prépondérant. Empreinte d’une douce nostalgie – peut-être trop douce d’ailleurs - et grâce à un jeu de voix-off révélant des pensées ou souvenirs, dont il est parfois difficile de déterminer à qui ils appartiennent, l’intrigue se met lentement en place, présentant petit à petit les protagonistes et insistant sur la singularité du nouveau venu. Cela crée d’emblée une certaine tension dramatique qui est contrebalancée par la joyeuse animation régnant dans la Maison du Lotus. Tout au long de l’album, l’auteure s’attache également à mettre en scène les relations des habitants entre eux, insistant sur celles des héros qui se découvrent comme homme et femme, avec tout ce que cela implique. La romance, même à peine ébauchée, n’est donc pas bien loin. Par ailleurs, si l’aspect tragique est omniprésent dès les premières pages, il ne s’impose que dans la deuxième partie du tome lorsque les cinq journées octroyées par dame Sabu à Mumyeong s’achèvent. L’histoire prend alors un tour un peu plus sombre – l’atmosphère nocturne aidant – et voit les lames mises au clair pour une succession de scènes plus intenses où l’action pure n’a malheureusement qu’une part congrue au regard des confrontations visuelles et verbales. Enfin, l’ensemble doit moins à un rythme finalement assez peu marqué qu’au trait fin et raffiné de Yeon-joo Kim. En effet, graphiquement, le lecteur ne peut que se laisser porter par le dessin délicat de la manhwaji qui s’attache à rendre la beauté des tenues coréennes traditionnelles, l’expressivité des visages ainsi qu’une ambiance toute de sereine mélancolie.
Malgré d'indéniables qualités graphiques et une lecture agréable, Nabi laisse un sentiment mitigé quant à son scénario, suscitant pourtant la curiosité. La faute à une narration trop éthérée ? Peut-être... la suite le dira.
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