L
ou grandit, toujours plus vite. La petite fille des premiers tomes n'est plus. La voici devenue jeune fille, avec toutes les caractéristiques de son âge. C'est le temps des premiers baisers, d'autant que les relations avec Tristan avancent doucement ; les adolescents font sourire par leur maladresse tellement crédible. La famille connaît plusieurs chamboulements importants et les remises en question ont lieu de part et d'autre, pour certains de façon assez vive.
Mais surtout, ce tome est une transition et une rupture. Avec le passage de plein pied dans l'adolescence, Julien Neel fait évoluer son trait pour rendre ses personnages plus fins, plus matures, les personnages et la narration semblent légèrement plus posés, comme libérés du grain de folie de l'enfance. L'intensité dramatique augmente, car la vie n'est pas facile et l'adolescence est le moment des prises de conscience. Les personnages se rapprochent, parfois subtilement, comme Lou avec sa mère en découvrant son journal intime de jeune fille.
Lou n'a plus besoin de faire ses preuves depuis longtemps. Pourtant, Julien Neel réussit à donner un nouveau souffle à la série, à lui conférer une autre dimension, en faisant côtoyer l'enfance et l'âge adulte. Il y a de belles choses dans ces pages, et il y a aussi des éléments plus durs. Le passage de Lou à ce nouveau stade de la vie est réussi, et c'est avec une tendresse renouvelée que le lecteur suit ses aventures.
Son immeuble flambe, sa mère est enceinte, et elle découvre le journal intime de sa mère adolescente, et malgré tout Lou prend ça avec bonne humeur avec l'aide de ses copines et de ses premiers émois amoureux.
Si la jeunesse de sa mère bien qu'amusante est un peu caricaturale, les situations sont toujours aussi bien rendues et abordent sans y avoir l'air les problèmes de la vie en donnant une leçon d'optimisme.
Pas fan des dessins style manga au départ, au final leur style acidulé s'accorde bien à l'ambiance.
Une lecture qui rend de bonne humeur.
Le cinquième tome de la série pour pré-adolescentes "Lou !" parmi mes coups de cœur de l'année ? Il y en a qui vont rigoler, j'imagine… Mais j'assume… Car y a-t-il beaucoup d'auteurs "grand public" comme Julien Neel aujourd'hui en France pour construire ce genre d'histoire, en prise directe avec les blessures émotionnelles de chacun d'entre nous, ado ou non, fille ou garçon : comment réaliser ses rêves d'enfants et ne pas oublier de rêver quand on est adulte ? Comment vivre avec ses parents, les aimer malgré le mal qu'ils vous font et se font à eux-mêmes ? Doit-on avoir peur du monde, sous prétexte que le pire arrive (presque) toujours ? Etc. etc. Oui, ce tome 5, même s'il a parfois le goût d'un bonbon acidulé de notre enfance, et si Neel atténue ci et là la force de son récit d'une goutte - bienvenue - d'eau de rose, travaille dans le même domaine que le Larcenet du "Combat Ordinaire". Je ne suis pas certain que ma fille de 10 ans soit toujours capable de comprendre, ou pire, d'affronter ce qui est dit ici, en filigrane parfois, mais finalement assez frontalement, sur l'amour des hommes et des enfants, mais j'imagine qu'elle comprendra déjà qu'il y a un âge où l'on cesse d'avoir son petit chat comme meilleur ami pour passer à quelque chose d'autre. Et que ça peut être terrible. Ou beau. "Lou ! 5" ou la naissance d'un auteur ?