C
’est l’été, il fait chaud et Berlin dort. Que faire pour se distraire un peu ? Pourquoi ne pas participer à un vague festival hippie, quelque part dans le sud de la France ? De plus, il paraît que les filles ne sont pas farouches dans ce genre de rassemblement. C’est décidé, Mawil taille la route.
La bande dessinée autobiographique a toujours été un genre important dans l’édition alternative. Des obsessions de Robert Crumb au quotidien tragico-comique de Lewis Trondheim, à peu près toutes les voies possibles ont été emprûntées. Le plus important est de trouver un angle ou un ton particulier, suffisamment accrocheur pour raconter sa petite existence.
Welcome Home se veut avant tout humoristique, mais, dans le même temps, manque d’un vrai angle narratif. Mawil, auteur allemand reconnu, se borne à raconter son voyage au premier degré sans jamais proposer un autre niveau de lecture. Cette démarche aurait été acceptable si le contenu de cette expédition avait été suffisamment original pour susciter un quelconque intérêt. L’auteur observe vaguement ce qu’il se passe autour de lui, sans jamais vraiment chercher à comprendre. Un festival hippie au XXIe siècle ? Le lecteur n’en saura pas plus. Sur le même plan, ce vaste rassemblement de personnes venues des quatre coins de l’Europe se résume simplement à quelques prénoms lâchés au fil des pages. Mawil réussit néanmoins à provoquer quelques sourires ici et là en relatant les inévitables « galères » de la vie en plein air (les sanitaires, la nourriture et la météo).
Le dessin se situe à une espèce de frontière stylistique. Si une influence de certaines œuvres expérimentales se fait encore sentir ici ou là, le trait est néanmoins bien posé. Il trouve parfaitement sa place dans le courant plus sage d’une partie de la BD indépendante actuelle. Le dessinateur a opté pour une mise en page très libre, sans case définie. D’une page à l’autre, il varie la construction de ses planches (accumulation de petites cases denses, double page panoramique, incrustation de croquis, etc) tout en gardant une très grande lisibilité. La lecture reste toujours fluide malgré les nombreux changements de style narratif.
Le manque de profondeur du propos joue en la défaveur de Welcome Home. C’est dommage, car graphiquement, la réalisation de Mawil est de très bon niveau.
Toutes les valeurs que je n'apprécie pas sont véhiculés par cette oeuvre babacool et très hippie sur les bords avec une pointe de nudité et un climat altermondialiste.
Le graphisme ne serait pas trop mal sans les trognes épouvantables des différents personnages. Même les animaux sont dessinées bizarrement.
Pour le reste, cette ballade estivale ne m'a rien apporté sinon des dialogues un peu insipides. L'auteur qu'on surnomme le Woody Allen de la bande dessinée allemande ne m'a absolument pas convaincu. Du même auteur, je n'avais déjà pas été inspiré par On peut toujours rester amis.